Retisser le lien entre la ville et la campagne

CABAS, l’histoire de Mathilde et des artisans. CABAS est une jeune coopérative qui veut permettre aux bruxellois de pouvoir acheter des produits alimentaires, éthiques, locaux et bons, en circuit court en aidant les producteurs et artisans belges à faire connaître et livrer leurs production. On découvre ici d’où vient l’idée, et comment elle a pris vie.


En avril dernier, je rencontrais Mathilde, qui m’a parlé de CABAS, la coopérative des artisanes et artisans de la transition alimentaire

Mathilde travaillait pour SAW-B, où elle accompagnait des artisans qui lançaient leur activité en économie sociale. Au fur et à mesure elle s’est rendue compte qu’à chaque fois, les artisans qu’elle accompagnait rencontraient les mêmes problèmes : comment faire pour faire connaître leurs produits, pour les vendre et les livrer sans s’épuiser et sans délaisser la part principale de leur travail, c’est à dire créer et produire de bonnes choses. De là est née l’idée de CABAS. 

Qu’est ce que c'est CABAS ?

CABAS ça veut dire Coopérative Belge des Artisan.e.s Solidaires, son but c’est de donner des outils et faciliter la communication et la logistique pour de petits artisans qui veulent travailler en circuit court. L’idée est de mutualiser les moyens (un camion, un site internet, un entrepôt de stockage, une solution de paiement en ligne) pour simplifier la vie de ces artisans, mais aussi économiser et « écologiser » l’organisation, et permettre à un plus grand nombre de mangeurs de pouvoir profiter de la production de ces artisans. Le système est très proche du réseau des GASAP, qui met en relation des maraîchers et des mangeurs. 

Comme un grand marché artisanal en somme, sauf qu’en plus CABAS c’est une coopérative à finalité sociale, c’est à dire que son objectif n’est pas de faire de l’argent, mais d’atteindre un but social : retisser le lien entre les producteurs et les mangeurs, et rendre la ville (de Bruxelles) plus indépendante des grands supermarchés et des super-réseaux internationaux, où on ne connaît plus qui produit (et comment) et qui mange (et pourquoi). Mathilde elle appelle ça “l’alliance ville-campagne” et je trouve ça très beau. 

Concrètement ? Concrètement, ça passe par permettre aux artisans de distribuer leurs produits aux mangeurs au sein des villes et aux mangeurs d’avoir accès à des produits qu’ils n’auraient pas pu avoir autrement, et en étant sûrs que leurs achats rémunèrent le travail des artisans à sa juste valeur.

Mathilde m’explique aussi que CABAS appartient à ses membres : les producteurs, les mangeurs, et tous les acteurs qui ont décidé de prendre parti pour la coopérative. Chacun a une influence réelle sur l’organisation, sur les choix de fonctionnement qui sont faits dans la coopérative, et du coup CABAS est vraiment taillée sur mesure par et pour les gens qui l'utilisent et la font vivre, en fonction de leurs besoins et contraintes réels, et en transparence.

En développant le projet, qui a été lancé en avril 2020, l’équipe s’est rendue compte que d’autres coopératives en Belgique avaient les mêmes questionnements, et qu’on pouvait encore aller plus loin dans la mutualisation des moyens. CABAS vient donc de s’associer avec le réseau des GASAP pour organiser les livraisons dans Bruxelles, et avec le Réseau Paysan, qui rassemble des petits producteurs au Luxembourg, pour relier les deux provinces. 

On peut retrouver les producteurs de CABAS dans des petits magasins de quartier à Bruxelles, sur le site internet de CABAS, ou via le réseau des Gasap, si vous êtes inscrit à un panier légumes. Les producteurs et artisans que vous trouvez sur le site ont des valeurs éthiques de transparence, de qualité et de respect des produits, des producteurs et des moyens de production.  

Au moment de notre discussion, CABAS propose des produits belges, mais veut pouvoir élargir à d’autres choses qu’on ne peut pas produire en Belgique, comme le café ou le chocolat, tout en étant capable de garantir l’éthique des producteurs. Il faut y aller pas à pas, sans précipitation, pour élargir le cercle, et pourquoi pas continuer de mutualiser d’autres services, comme la communication, la création de sites internets, etc…  

A la fin de chaque entrevue, nous demandons toujours s’il y a un projet inspirant à partager avec notre communauté. Mathilde me suggère immédiatement le réseau des GASAP, un réseau déjà ancien dans le jeune paysage coopératif bruxellois.

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez aller  ou bien lire les différents portraits de producteurs à qui nous avons tendu notre appareil photo pour qu’ils nous dévoilent leurs quotidiens.


Illustrations: Aude Gravé