KOM à la maison, un restaurant participatif et solidaire

Créer du lien social en ville et sensibiliser à l’alimentation durable par des activités de cuisine participatives? C’est ce que fait KOM à maison! L’asbl KOM à la maison propose aux voisin.e.s et habitant.e.s du quartier de la Chasse à Etterbeek de devenir les cuistots du jour et de cuisiner des repas sains et durables, préparés avec des invendus alimentaires et des légumes provenant d’un maraîcher proche de Bruxelles. Le but? Partager un bon repas en toute convivialité avec ses voisins et voisines, à prix libre et sans chichis. Entretien.


 

Kom à la maison est un restaurant participatif et solidaire, en quoi cela consiste concrètement?
Chez KOM à la maison, ce sont les habitants qui cuisinent et partagent le repas. Pour nous la cuisine et le repas sont des excuses gourmandes pour faire des rencontres et sortir de l’isolement. Concrètement, nos cuistots se retrouvent vers 9h00. On boit un thé ou un café, on regarde ce qu’il y a dans le frigo, on élabore un menu ensemble et ensuite on met la main à la pâte. Vers 12h30 le menu est prêt et on passe à table avec d’autres convives. Ceux qui le peuvent restent à la fin du repas pour faire la vaisselle et aider au rangement. Chez nous, il y a mille manières de participer : mettre la table, resservir son voisin ou aller couper du pain, tenir la caisse. On a même une voisine qui passe tous les jours pour papoter en aidant un peu à ranger, mettre la table ou éplucher une carotte, mais qui n’a jamais souhaité rester manger. Chez nous, on s’accueille les uns les autres dans le respect de chacun. Nous voulons que notre restaurant soit accessible à tous, sans que le prix ne soit un obstacle. 

Nos repas sont à prix libre. Nous avons calculé qu’un repas coûte en moyenne 10 euros à notre ASBL. Ce montant permet de couvrir la rémunération de notre maître kok qui anime la cuisine et les repas (des courses à la vaisselle en passant par la caisse), de payer notre loyer et charges diverses ainsi que nos achats d’ingrédients.

Le prix libre est un véritable mécanisme de solidarité qui permet tous les jours à des personnes de venir manger en payant peu, voire rien.

D’autres personnes paient en effet davantage que les 10 euros de coût de revient d’un repas. Ceci nous permet d’accueillir un public d’une grande diversité en termes de revenus, d’âges et de cultures et c’est cette « mixité heureuse » que nous recherchons proactivement.

Ce projet est une grande première en Belgique, comment est-il né? 
Ce projet a été monté et porté par un collectif de citoyens sociables et gourmands qui avaient envie de partager des repas durables dans leur quartier. Nous avons d’abord organisé des banquets de quartier puis reçu une véritable formation à l’entrepreneuriat avec le Credal, une banque spécialisée dans les projets d’économie sociale et solidaire. On a longuement cherché un local car il a été très difficile de convaincre un propriétaire… alors quand nous avons eu l’opportunité de reprendre un bar un peu décati dans le quartier de La Chasse à Etterbeek à l’été 2020, on a foncé !

Nous avons été inspirées par une initiative française, les Petites Cantines, et par des projets de cuisines à prix libre comme les Volksküche à Berlin, souvent à tendance anarchiste, ou encore les cuisines communautaires qui fleurissent à Londres comme à Lisbonne. 

En quoi KOM à la maison est-il un projet durable et respectueux de la planète?
Nous avons décidé de cuisiner des repas végétariens, ce qui est bien mieux pour la planète mais aussi bien plus inclusif, puisque cela évacue tout un tas de discussions sur la viande, son abattage etc… et permet d’accueillir des personnes de toutes les communautés et croyances. Nous achetons nos légumes à un maraîcher installé à Londerzeel et cuisinons également avec des invendus alimentaires bio récupérés dans un supermarché de notre quartier. Nous tentons de réduire nos déchets : nous achetons nos féculents et légumineuses en vrac, utilisons des serviettes de table lavables, proposons des carafes d’eau du robinet, trions strictement et compostons nos déchets ce qui fait que nous ne sortons chaque semaine qu’un sac poubelle de déchets résiduels. Un restaurant classique produirait au moins quatre fois plus de déchets !

Quel est le plus grand enseignement que ce projet vous a apporté jusqu’ici?

Nous avons tous besoin de convivialité, de se sentir reliés et de simplicité dans nos échanges.

Nos activités de cuisine et nos repas permettent cela au quotidien et nous constatons que cela fait énormément de bien à nos convives, mais aussi à nous mêmes qui sommes impliqués au quotidien ! Nous avons constaté que nos convives se trouvent souvent énormément de points ou de centres d’intérêt communs dans leurs discussions. Ils découvrent que la cousine de l’un habite dans le même immeuble que l’autre, qu’ils adorent jouer à la pétanque dans le même parc ou qu’ils ont le même médecin généraliste…. Il faut juste prendre le temps et prendre soin de soi pour faire des rencontres qui font du bien et c’est ce qui se passe chez nous !

Comment voyez-vous évoluer le KOM à la maison dans un futur proche ? Vers quel idéal tendez-vous?
Nous aimerions tellement que nos convives puissent cuisiner et déambuler dans le restaurant sans masque et sans se soucier du Covid ! Cela fluidifierait et rendrait encore plus agréables les moments de partage, d’entraide, de complicité que nous vivons au quotidien. Nous serions aussi heureux que d’autres reprennent le flambeau et montent un resto participatif et solidaire comme le nôtre près de chez eux. Ils peuvent venir nous voir car nous sommes d’une grande transparence sur notre fonctionnement et notre modèle. Nous serions ravis de le partager et de transmettre nos « recettes » à d’autres idéalistes gourmands comme nous !


Illustrations: Thibault Gallet

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