Zero Waste Belgium

Automne 2019

De la lutte contre le gaspillage alimentaire, à la réduction des emballages, en passant par le réemploi de certains objets de consommation, de nombreuses initiatives fleurissent autour du mouvement Zéro Déchet. Intégrer la démarche Zéro Déchet - Zéro Gaspillage à notre quotidien, c’est interroger nos habitudes de consommation et agir à la source en appliquant les 5 commandements verdoyants : Refuser – Réduire – Réparer – Réutiliser – Recycler.  Pour cultiver notre conscience écolo, on a rencontré Eva, bénévole pour Zero Waste Belgium. Entretien.


 

Automne 2019« Zero Waste Belgium est une association bénévole qui sensibilise aux problématiques liées aux déchets et au gaspillage en Belgique. Elle propose des solutions simples et accessibles à tous (citoyens, entreprises, pouvoirs publics) pour réduire la production de déchets et diminuer notre empreinte sur l’environnement.

L’association veut inciter au changement par l’action et participer ainsi à la transition écologique vers une société plus sobre et économe en ressources. Nos missions : sensibiliser le grand public – partager le savoir – rassembler la communauté Zéro Déchet – appuyer les pouvoirs publics».

 

Automne 2019

Les activités de Zero Waste Belgium (ZWB) ont débuté en 2015 et proposent des conférences, des ateliers coutures, des animations, des city tours…

Par exemple, cet été, on a eu une grosse saison en participant aux différents festivals de Belgique comme Esperanza, LaSemo, Dour, pour sensibiliser les gens et aussi faire de la consultance auprès des organisateurs d’évènements.

Un autre événement sur lequel on intervient est le Salon Zéro Déchet co-organisé avec Bruxelles Environnement, auprès duquel on est « facilitateur zéro déchet » : organisation des conférences, sélection et placement des stands, gestion des foodtrucks, des consignes pour les verres et la vaisselle…

On accompagne aussi les projets zéro déchet de la plateforme « Inspirons le Quartier » consacrée aux initiatives citoyennes comme les potagers collectifs, les give-box… Les communes sont de plus en plus sensibles aux problématiques de développement durable et ont des éco-conseillers qui font parfois appel à nous pour les résoudre.

Quels sont les projets de ZWB pour tendre vers son idéal ?

Avec une centaine de bénévoles, on se développe doucement en comparaison à notre voisin Zero Waste France. Leur communauté est très active et subdivisée par ville. C’est aussi ce que l’on essaie de mettre en place en Belgique et que l’on a déjà commencé dans la partie francophone avec un réseau de groupes locaux : Zero Waste Bruxelles, Braine-l’Alleud, Nivelles, Tubize, La Louvière, Waterloo. Ils sont le fruit d’initiatives citoyennes avec des membres bénévoles de ZWB qui, pour des questions pratiques, ont l’envie de proposer des évènements proches de chez eux, de relayer ceux qui font la vie de quartier et donc développent des cellules au sein de leur localité. C’est plus difficile avec la partie flamande car très peu de nos bénévoles parlent flamand.

C’est important pour ZWB de développer ce réseau. […] l’idée est de pouvoir s’appuyer sur le groupe local qui va faire de la sensibilisation auprès de son public et répondre au plus proche du besoin exprimé.

 

Par exemple, la semaine passée, j’étais à Liège et une personne m’a demandé où trouver un type de produit. J’avais toutes mes références sur Bruxelles mais pas dans cette ville…

Idem pour les Zero Waste Free City Tours, mis en place dans 13 communes de Bruxelles, qui montrent les alternatives d’achat. Le prochain est organisé à Waterloo et on compose avec les bénévoles sur place car, eux, connaissent les bonnes adresses.Automne 2019

 

Et toi, quel est ton rôle au sein de ZWB ?

J’ai rejoint l’ASBL en tant que bénévole sur des ateliers coutures, puis des stands de sensibilisation.

Je sortais juste des études, avec l’envie de développer un projet d’animations dans les écoles car c’est un public essentiel, c’est l’avenir.

Prendre les enfants et les sensibiliser à ces thématiques est une chose qui manque dans l’éducation actuelle […] ; il n’y a pas de cours d’écologie et de réduction des déchets.

Soutenue par ZWB, je me suis mise à créer des animations relayées ensuite sur les réseaux sociaux, sur notre site internet…et là, j’ai reçu plein de demandes intégrées à la Zero Waste Academy !

 

En quoi consistent les animations données dans le cadre de la Zero Waste Academy?

Je fais toujours une partie théorique où j’introduis le sujet puis une partie active. Pour les petits, il s’agit d’ateliers manuels comme le tawashi, le furoshiki, la fabrication de dentifrice, de bee wraps...

Le tawashi, ils l’adorent ! Ils viennent avec leurs propres chaussettes usées ou orphelines, découpent le tissu et repartent avec un objet transformé. Cette éponge écologique est géniale parce qu’elle est lavable et réutilisable. Et, du fait de cette chaussette, qu’ils visualisent et considèrent comme un déchet, ils se rendent compte qu’en la transformant, on allonge sa durée de vie. C’est important qu’ils voient que le déchet peut être valorisé.

Autre exemple avec cet art de l’emballage japonais de cadeaux avec des foulards. Les enfants poussent la démarche zéro déchet en disant : « pourquoi on les emballe alors qu’on pourrait faire un cache-cache de cadeaux ? » !

[ndla : le zéro déchet demande un peu de bon sens et beaucoup de créativité et c’est là la plus grande richesse des enfants !]

Pour les ados, il y a un temps consacré au débat, à l’échange où ils peuvent développer les alternatives déjà mises en place. En réalité, avec les manifestations pour le climat, beaucoup de jeunes sont sensibilisés et, au sein d’une classe, une belle synergie peut se créer.

Automne 2019

Comment es-tu tombée dans le compost du zéro déchet – zéro gaspillage?

Dans ma dernière année d’étude, j’ai échangé avec des gens, fait des recherches et notamment sur la slow cosmétique (étant intéressée, de base, par tout ce qui touche à l’aromathérapie et phytothérapie) : pourquoi est-ce que je mettrais sur ma peau des produits que je ne pourrais pas ingérer ? J’ai commencé à scanner tous les produits pour en connaître la composition ; par exemple, combien de dérivés de pétrole sont présents dans les crèmes. Puis, je me suis tournée vers des huiles végétales et des produits solides. En fait, ma prise de conscience a commencé par la salle de bain.

Dans un deuxième temps, on a commencé un travail de désencombrement. Aujourd’hui, en moyenne, on est sur 25 g de déchets pour deux personnes pour deux semaines (je compte en kilos car je me réfère au 418 kg de déchets/an pour un belge).

Toutes ces petites actions, orientées zéro déchet, ont été une porte d’entrée vers une prise de conscience beaucoup plus large. En consommant « responsable », je place mon argent et, avec mon argent, je vote pour un type d’économie plus durable, pour un autre rapport avec le producteur, l’artisan, pour un futur différent.

Automne 2019

Des conseils pour accompagner les z’hérowasteurs en herbe?

Essayer de se renseigner sur ce qui se fait autour de chez soi […] pour ne pas devoir tout fabriquer soi-même. Pour le shampooing et les savons, j’utilise des produits artisanaux fabriqués en Belgique comme Indigène ou Niya Cosmétiques et la Petite Sorcière pour le dentifrice.

Au niveau des cosmétiques, L’Herboristerie de Louise est vraiment ma référence : quand j’ai des besoins ou des problèmes, je vais d’abord me tourner vers elle plutôt que de courir en pharmacie.

Il faut aussi accepter ses contradictions. Par exemple, la semaine où j’étais en déplacement, je n’ai pas eu le temps ni l’envie de faire mes courses…alors, oui, j’ai commandé un plat à livrer à la maison ! On a tous nos limites. Ma prise de conscience a été faite avec le film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent.

Pour aller plus loin dans la démarche, j’ai des livres qui m’ont inspirée notamment « Le syndrome de la grenouille » qui parle d’économie et de climat, « Sapiens » de Yuval Noah Harari sur l’Homo Sapiens, son évolution et ses limites, « Le Syndrome de l’autruche » où comment notre cerveau nie le changement climatique.

Y’a-t-il un projet bruxellois que tu souhaiterais partager ?

Molleke qui signifie “petite taupe” en néerlandais ! Ce que j'aime et trouve inspirant dans cette initiative c'est qu'en plus d'un projet citoyens, c'est le type de lieu qui manquait à notre belle capitale. En plus du café et de l'épicerie, c'est une plateforme collaborative, un lieu pour échanger et découvrir des pratiques nouvelles, des conférences, ateliers, etc. Un vrai lieu de connaissances et de partage ! Et cela, dans le plus grand respect des différentes espèces avec lesquelles nous partageons cette planète. Un lieu pour désapprendre nos mécanismes induits par cette société thermo-industrielle et apprendre de nouvelles habitudes en accord avec nos besoins essentiels.

 


 

Illustrations: Pauline Ravier