Vidya, l’électron libre qui vous veut du bien.

Il existe à Bruxelles un endroit où bienveillance, bien-être et bonne bouffe ne font qu’un. Ce lieu, c’est Vidya. Nichée au rez-de-chaussée de la cité Merchie-Pède dans la rue des Tanneurs, la boutique détonne. Ce n’est ni une épicerie, ni une herboristerie, ni une boutique de produits de beauté, mais un peu tout ça et bien plus à la fois. Fatima est une entrepreneuse qui a le feu. Multi-casquettes, elle est à la tête de Vidya mais aussi Eatya (sa marque de produits bio triés sur le volet), elle partage des recettes et DIY pleins de bons conseils et nous aide à garder la pêche un peu plus tous les jours. Entretien.


 

Alors Vidya qu’est-ce que c’est ?

Vidya c’est un électron libre, concept store, épicerie, herboristerie, un peu tout ça à la fois. Depuis le début, l’objectif de Vidya c’est d’apporter des solutions concrètes à ceux qui souhaitent changer leurs habitudes de consommation. Nous choisissons des produits qui non seulement ont un impact positif sur la santé, mais aussi sur la planète, autant du point de vue social qu’environnemental. Nutrition, beauté, santé, bien-être, notre approche est holistique et prophylactique. Prévenir plutôt que guérir.

Tu vends essentiellement du bio et des produits naturels… Quel est ton rapport à la nourriture ?

Ici, on importe beaucoup de produits qui viennent des terroirs. Notre rapport à la nourriture n’est pas forcément d’aller uniquement dans le local. On choisit des produits qui viennent du plus près possible, mais le goût est toujours déterminant. Je vais chercher les bons produits partout là où ils sont. Et s'ils poussent à Bruxelles, tant mieux !

Le goût, c'est le critère n°1. Les produits sont impeccablement sourcés, provenant de permaculture ou de productions bio, mais ils sont aussi goûtus et gourmands.

Des miels de forêts venant de Crète, des pâtes sans gluten qui viennent d’Italie. On va plutôt promouvoir des petits producteurs bio qui fonctionnent en 100% sans OGM, en permaculture ou en biodynamie.

Tu es très active sur Instagram avec tes DIY, recettes, conseils beauté, mais aussi santé mentale. Tu les partages toujours avec un ton très franc et beaucoup d’humour. Tu peux nous dire pourquoi tu aimes ce format-là ?

Si on considère le marché du bio aujourd’hui, Vidya est une toute petite structure. Instagram nous offre un moyen de nous démarquer en étant transparent par rapport à ce que c’est que d’être entrepreneur et acteur sur le marché du bio aujourd’hui.

On a décidé de jouer la carte de l’authenticité et de tout partager. Les struggles, les moments de doute et les choses qui nous aident à tenir, comme les recettes de grand-mère pour booster le système immunitaire.

On essaie tous de faire de la place au self-care, de manger mieux, de consommer mieux, mais c’est un chemin truffé d’embuches. Il y a toujours LA semaine où, pour une raison ou une autre, tout dérape : pizzas, burgers… Et la semaine d’après, on se reprend en main. Et ça, ça arrive à tout le monde. Même quand on connait toutes les recettes bien-être, il arrive qu’on oublie de prendre soin de soi.

Les DIY me permettent de partager mes connaissances de manière informelle et d’aborder plein de sujets sur la bouffe, la prévention en santé ou bien des conseils beauté… C’est une façon inclusive de parler du bien-être sans complexes. Il n’y a pas de sujets tabous. Je parle de ce qui m’intéresse ou de sujets sur lesquels les client·es me posent des questions.

J’ai aussi la chance d’avoir côtoyé certains des plus grands naturopathes et nutritionnistes d’Europe. Je me réfère à leur travail et je fais un condensé de tout ce que je sais grâce à eux. Sans faire de diagnostics, sans prescrire quoi que ce soit et sans tourner le dos à la médecine allopathique. Je pratique une approche holistique de la santé qui prend en considération tout ce qu’on porte, mange, boit, comment retrouver le calme et consolider des habitudes qui nous permettent de rester à flot. Même si parfois, on perd un peu les pédales.

Est-ce qu’il y a un sujet qui te tient plus particulièrement à cœur ?

Je me sens très concernée par la santé mentale des entrepreneurs. Être entrepreneur, c'est une super aventure, mais c’est aussi une position très précaire. Nous sommes au cœur du tissu social, créateurs d’emplois, mais aussi de valeur. C’est une entreprise qui demande beaucoup d’énergie. On prend de gros risques, mais on a peu de soutien.

Il y a deux ans, j’ai traversé une mauvaise passe. Poster du contenu super clean ou hyper corporate sur Insta alors que j’allais tellement mal, ça ne collait plus. Je me suis dit que je n'étais certainement pas la seule qui traversait des moments difficiles et j’ai voulu jouer la carte de la transparence.

Par exemple, on avait ouvert un deuxième magasin qui n’a pas marché du tout. Au bout de 6 mois, on savait qu’il fallait plier boutique. Et je n’ai rien caché. J’ai montré qu’on n’avait plus l’énergie pour faire tenir deux boutiques. C’était un plantage royal, mais assumé.

Il y a des gens à qui ça n’a pas plu, mais il y a aussi beaucoup de gens avec qui ça a résonné et qui ont été touchés. Montrer que tout n’est pas toujours à 100%… et que ça fait partie de la vie aussi de se planter.

Tu parlais de tes pâtes sans gluten. En parallèle de Vidya, tu as aussi lancé ta propre marque Eatya avec une petite sélection de produits, dont des pâtes sans gluten qui ont gagné le prix du meilleur produit bio 2023. Qu'est-ce qui t’a donné envie de créer Eatya ?

Eatya c’est une contraction de EAT et de Vidya. Notre tag-line c’est « Eatya la marque qui te fait oublier tes ex… marques ». On garde ce côté décalé qui est déjà chez Vidya, avec une pointe d’humour : « Les pâtes sans gluten qui te font oublier tes ballonnements… »

Eatya ce sont les indispensables du placard. Les gens se disent souvent que pour les produits comme les pâtes ou le sel, le fait qu'ils soient bio n'est pas aussi important que pour les produits frais. Mais en réalité, ces produits peuvent être problématiques.

Par exemple, le sel de l’Himalaya est souvent récolté avec des explosifs. Donc, non seulement les gens qui vont le récolter prennent des risques, mais en plus, il y a des résidus d’explosifs dans le sel. Chez Eatya, on a sourcé un sel de l’Himalaya garanti sans explosifs et sans exploitation.

Après le sel, on est passé aux pâtes. On a rencontré la femme qui nous fournit les pâtes à côté de Venise. C’est une petite productrice. Quand j’ai goûté ses lasagnes, je ne pouvais pas croire qu'elles étaient gluten-free. Aujourd'hui, on développe de nouveaux produits avec elle, comme les coquillettes sans gluten.

Trois de tes produits ont gagné le concours du meilleur produit bio. On dirait que tu as tapé dans le mille !

Haha oui ! En fait, on s’est dit que nos produits étaient vraiment exceptionnels, mais qu’à moins de les goûter, il fallait que les gens nous croient sur parole. Alors, on a inscrit le miel, l’huile d’olive et les pâtes au concours Meilleur Produit Bio. Les produits sont testés par une centaine de consommateurs qui délivrent une note sur 20. Il faut une moyenne de 16 sur 20 pour obtenir le prix du meilleur produit bio, et nos trois produits ont gagné !

Je pense qu’il y a un karma dans ce qu’on mange. Si c’est propre du début à la fin, les bénéfices vont se sentir dans l’assiette, mais aussi sur la santé. Alors proposer un miel bio bien sourcé, des pâtes sans gluten aussi bonnes que les normales, une huile d’olive savoureuse récoltée dans des conditions optimales, ça tombait sous le sens.

Mais il n’y a pas que Eatya, j’ai aussi une marque d’électroménager, Zen et Pur avec un extracteur de jus, un osmoseur, un blender…

Donc Vidya, Eatya, Zen & pur… Tu as d’autres projets encore en cours ?

Oui ! J'organise des workshops chez Vidya à partir du mois de février. Le premier, c’est un atelier Vision Board ; une façon de mettre ses intentions pour l’année en images pour mieux se projeter. C’est une pratique liée aux neurosciences qui permet de se visualiser dans une situation spécifique pour optimiser nos chances d’atteindre nos objectifs. Mais il y aura aussi des ateliers pratiques pour apprendre le Kintsugi, la pratique de réparation japonaise, ou un atelier bougies naturelles…

Est-ce qu’il y a un lieu à Bruxelles en lien avec la biodiversité que tu aimerais partager avec nous ?

Il y en a deux : Vert d’Iris, une pépinière coopérative au fin fond d'Anderlecht qui crée et gère des potagers à vocation sociale, environnementale et économique. Ils font des produits de saison bio et pleins de saveur.

L’autre, c'est Bio Bowls, un restaurant voisin où je vais quand je n’ai pas le courage de me faire à manger. Rachida est nutritionniste de formation. Elle propose une cuisine “ressourçante” : des assiettes à base de produits bio et de saison, toujours délicieuses et bien équilibrées.

Retrouvez Vidya tous les jours de 10h à 18h, rue des Tanneurs 54, 1000 Bruxelles

sur le site

ou sur Instagram


Illustrations: Karo Pauwels