L’histoire en (presque) direct du démarrage et de l’évolution d’un potager -bio bien sûr!- sur ma terrasse: de mois en mois, je vous raconterai son installation, mes essais, mes erreurs et réussites. Quel matériel j’utilise, ce que je sème, plante et récolte; comment je fais face aux problèmes: ravageurs et autres maladies; et je m’étalerai sur la satisfaction de produire de beaux légumes comestibles chez soi. Alors on y va, je vous raconte?
Nous avons laissé, dans le précédent article, le potager de la terrasse déjà planté et semé en vue de sa « Saison 2 ».
La météo à Bruxelles, comme partout au nord de l’Europe cet été, a été très favorable au tourisme mais beaucoup moins à l’agriculture en raison de la sécheresse; il a donc fallu arroser! Grâce à la régularité et au dévouement de mes assistants jardiniers, surtout pendant mon absence les trois premières semaines de juillet, il n’y a pas eu de catastrophe. Voici donc le bilan de la saison:
Plusieurs plants de potimarrons: après éclaircissage, il en restait cinq… ce qui au fur et à mesure du développement de la végétation (de grandes hampes garnies de grandes feuilles) s’est avéré beaucoup trop! L’idée était de les faire courir sur la bordure en pierre de la terrasse… mais les plantes n’en ont fait qu’à leur tête, ne réalisant ce projet qu’à un endroit, encombrant partout ailleurs les bacs de surface restreinte, empêchant certaines autres plantes de profiter du soleil et donc de se développer correctement; aucune courgette, par exemple, n’y est arrivée! Il a donc fallu élaguer beaucoup les grandes feuilles et couper les hampes qui de toute façon deviennent assez vite inesthétiques. Les cinq pieds ont donc produit seulement un fruit chacun; l’un d’eux, grosse boule orange suspendue dans le vide au deuxième étage, très décoratif donc, précipité au sol par une rafale de vent lors d’un orage, a quand même fini en potage, ses morceaux ayant pu être récupérés!
Autre erreur: l’excès de tomates, pas moins de huit variétés différentes, qui étaient destinées à retomber hors des bacs ou à grimper le long du mur du voisin. Les plants de tomates cerises ont prospéré au delà des attentes. Il est vrai que suivant les conseils d’un jardinier bio blogueur je ne les ai pas taillées du tout; elles ont donc formé une énorme masse de feuillage fin agrémenté d’une multitude de tomates de la taille de petites cerises (jaunes), de mini-poires (rouges-vif), ou encore de grosses billes tirant à maturité vers le noir (comme les noires de Crimée, en plus petit, et comme elles plutôt fades). Par ailleurs, un pied de « coeur de boeuf », ayant souffert de la concurrence des potimarrons a néanmoins produit quelques belles tomates en forme de coeur, délicieuses, dont l’une a atteint le poids respectable de 500g exactement. La production de tous les autres plants a été décevante. L’an prochain je limiterai drastiquement le nombre de pieds à quatre ou cinq en essayant de n’avoir que des variétés vraiment intéressantes. Mais est-ce dû au beau temps sec dont nous avons bénéficié à Bruxelles en juin, juillet et août? Elles n’ont en tous cas subi aucune maladie.
Les pois gourmands ont beaucoup souffert de la canicule et de la sécheresse, ils n’ont produit que quelques gousses et leur feuillage très vilain n’a pas donné la note esthétique que j’attendais d’eux. De même les cosmos, les graines étant sans doute mal choisies, n’ont pratiquement pas fleuri. Par contre, les tagètes orangées et très odorantes ont fait leur effet au milieu des tomates.
A part ça, les haricots princesse ont été presque tous étouffés, ainsi que les betteraves colorées dont une seule a végété jusqu’à maintenant et les laitues (donc faire mieux l’an prochain!). Le basilic a prospéré, sauvé par son éloignement de la cuisine, de même que la menthe qui a fleuri en mauve et le shizo rouge, une herbe japonaise dont je ne sais trop quoi faire pour le moment (cela décore généralement les plats de sushis).
En ce mois de septembre, sur une partie bien libérée du bac de plantation, je viens de regonfler ma « lasagne » (le niveau de la terre ayant tout l’été nourri les plantes potagères avait baissé de quinze bons centimètres!); j’ai donc ajouté de la terre fabriquée par mes soins cet été dans un bac réservé à cet usage (voir recette dans le premier article) et après l’avoir regarnie d’une mince couche (cinq centimètres) de terreau bio acheté à la Pousse qui pousse, j’ai semé en place, pour une récolte automnale: des radis longs de couleur magenta (plus originaux que les radis roses ronds), des épinards, des chicorées variées pour la salade, de la mâche et enfin des « cime di râpa », déjà expérimentés l’an dernier. De la famille des brocolis, ce légume italien se consomme sous forme de feuillage dans les potages ou pour agrémenter les pâtes.
Surprise, des pois gourmands se sont invités là-au milieu; j’ai donc offert aux deux les mieux situés des tuteurs en bambou (mais arriveront-ils à fructifier, j’en doute un peu) et arraché délicatement les autres pour agrémenter ma salade du supermarché.
(TRUC) Eclaircir sans rien perdre
Les graines semées germent en trop grand nombre; trop serrées, le plantules s’étouffent,il est donc nécessaire d’éclaircir.
Je tire donc délicatement les mini-plantes surnuméraires en faisant attention de ne pas les abîmer, ni ses voisines destinées à continuer leur croissance. Puis les racines chargées de terreau sont coupées et mises au compost. Les feuillages ainsi récoltés décoreront (comme les pois mentionnés plus haut) une salade composée et agrémenteront par leur variété les saveurs de celle-ci. Rien de perdu!
Photos: Louise Devin