Sauvages ! Sumac De Virginie

Sumac De Virginie - Rhus Typhina

Le sumac de Virginie, appelé également “sumac vinaigrier” est un arbre dioïque, de la famille des Anacardiacées dans laquelle on retrouve notamment l’anacardier, qui donne la noix de cajou, le pistachier ou encore le manguier. Originaire de l’est de l'Amérique du Nord d’où il a été introduit en Europe au 17e siècle, le sumac est un arbrisseau très rustique, au port arrondi, qui mesure entre 3 et 5 mètres. Ses feuilles sont composées de nombreux folioles dentés qui, d’abord verts, prennent à l’automne des teintes incendiaires : jaune d’or à rouge pourpre, en passant par l’orange foncé jusqu’à des nuances violacées. 

Le sumac de Virginie prospère dans des sols secs, pauvres, peu propices au développement de la végétation. Dans nos contrées, il s’est échappé de terrains privés et vit parfois au bord des routes. Il peut vite s’étendre et ses multiples rejets colonisent les friches et les espaces à l’abandon; il est d’ailleurs considéré comme invasif en Europe et est interdit de commercialisation en Suisse. On peut toutefois saluer sa capacité d’accueil de certains insectes: les coccinelles, par exemple, utilisent les nids formés par ses nombreux fruits veloutés comme refuge pendant l’hiver. Il sert également de nourriture aux oiseaux pendant la saison froide.

Les nombreuses et minuscules fleurs, regroupées en panicules, donnent naissance à des infrutescences rouges, veloutées, ressemblant à des quenouilles, ces objets servant au filage de la laine. Chaque infrutescence est riche de 1500 fruits en moyenne; les récoltes se font dès la fin de l’été et jusqu’en janvier voire février, en évitant celles qui ont déjà brunies, moins agréables au goût. Pour que les nombreux fruits au goût acidulé, se détachent plus facilement les uns des autres, un court passage au four à basse température ou au déshydrateur peut être utile. Son cousin, Rhus coriaria ou Sumac des corroyeurs, est l’espèce employée comme condiment dans la cuisine moyenne orientale, notamment libanaise. Les fruits, séchés puis réduits en poudre, agrémentent des plats salés ou sont employés pour leurs qualités digestives. Ils entrent également dans la composition du zaatar, ce mélange d’herbes et d’épices au goût acidulé.

Les fruits sont également utilisés pour fabriquer une boisson rose, appelée sumacade ou limonade indienne, obtenue par macération ou décoction du fruit. Le goût acide de cette préparation s’explique par la présence d’acide malique, une substance que l’on retrouve aussi dans les pommes, les poires ou le raisin. Ce breuvage, riche en vitamine C et en tanins, aurait des propriétés diurétiques et vulnéraires. Les algonquins du Québec lui attribuent des vertus stimulantes de l’appareil digestif et les tribus amérindiennes l'employaient lors d'épisodes de diarrhées. Ces derniers séchaient aussi ses feuilles et ses baies pour les fumer, mélangées à du tabac.

Si dans nos contrées, on ne rencontre pas Toxicodendron radicans, le sumac vénéneux à l’état sauvage, attention toutefois lors de l’identification. Certaines espèces de sumac sont toxiques ou peuvent provoquer des allergies et des réactions cutanées. Vérifiez que les branches soient couvertes de poils doux, que les folioles soient dentés et que les fruits soient roses et regroupés en quenouilles. Et dans le doute, comme toujours, on s’abstient…!


Illustrations : Julie Pernet

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