Julie Pernet déverse ses pensées et ses sentiments dans chacune de ses œuvres colorées. Ses images, travaillées surtout à l’aquarelle, nous plongent dans des mondes oniriques chargés de douceur. En créant des « métaphores visuelles », qui se défilent entre le mouvement et le silence, la légèreté et l’étrangeté, Julie arrive à transmettre magnifiquement des émotions complexes en toute simplicité. Nous sommes ravies de vous présenter son travail !
Quel est ton processus de création ?
Le dessin m'accompagne depuis l’enfance. Au fil des années, il est devenu un espace, une espèce de lieu intérieur qui est à la fois un abri et une façon pour moi de m’incarner dans un monde que je n’ai jamais beaucoup supporté. Mais il est aussi un espace exigeant, qui demande de la constance et crée pas mal de frustrations ! J’essaie de dessiner tous les jours, mais avec le temps j’ai appris à me mettre en “jachère” et à me nourrir ailleurs pour mieux y revenir.
Côté technique, je travaille essentiellement à l’aquarelle, parfois en finalisant avec une technique digitale (Procreate). J’essaie d’éviter le 100 % tablette graphique car j’aime le travail manuel assez organique que permet l’aquarelle. Travailler les transparences et dégradés, tester les mélanges de couleurs m’apporte toujours une grande joie.
Avec l’aquarelle, il y a aussi un côté imprévisible qui m’aide à me détacher du contrôle sur la composition.
Je commence généralement avec un croquis sommaire pour conceptualiser mon idée et je passe très vite à la composition finale. Parfois, j’ai une vision très nette des équilibres et des couleurs en amont, mais il m’arrive aussi de travailler à l’aveugle et de construire mon dessin au fur et à mesure. Je laisse souvent "reposer" mes illustrations et je reviens vers elles après leur avoir tourné un peu autour. Mais parfois je ne reviens pas !
Comment trouves-tu l’inspiration dans ton quotidien ?
Mon cerveau fonctionne beaucoup à l’aide de métaphores visuelles. Ce que je ressens, entends ou lis se matérialise souvent en images et les mots forment des couleurs. C’est ce qu’on appelle la synesthésie je crois. Beaucoup de sujets peuvent m’inspirer mais j’ai une sensibilité particulière pour les questions environnementales et de santé mentale. Étant éco-anxieuse depuis pas mal de temps, je fais un parallèle direct entre ces deux sujets.
Visuellement, j’ai été très marquée par les couleurs de Rothko, la poésie narrative de Miyazaki et de Folon et plus récemment par l’univers du roman graphique. Je lis aussi beaucoup et me nourris des écrits humanistes d’auteurices comme Vinciane Despret, Claire Marin, Anne Dufourmantelle, Antoine Wauters ou Achille Mbembe. Leur sensibilité m’aide à créer une sorte de brume intérieure que j’essaie de retranscrire sur le papier.
Quels sont tes projets alternatifs bruxellois coup de cœur ?
Il y a quelques années, j’ai eu la chance de participer au développement d’un super projet, le GrIS Wallonie Bruxelles, qui lutte contre l’homo-bi-trans-phobie dans les écoles, en s’appuyant sur des témoignages de bénévoles. Ça a été une super expérience pour moi de discuter sans tabou avec les jeunes, même si c’était parfois difficile personnellement. Je recommande ce programme à toutes les écoles !
Je citerais aussi la Guilde, un projet de rencontres mensuelles pour les autrices-illustratrices à Bruxelles. On y discute conseils pratiques, réseautage, etc.
Photos: Agustina Peluffo