Sauvages ! Le plantain

la région de bruxelles-capitale est bien plus verte qu’on ne l’imagine et abrite une mosaïque de parcs, bois, jardins et forêts. au creux de ces poumons verts, une ribambelle de plantes sauvages ont élu domicile et ne demandent qu’à être rencontrées. nous avons eu envie de vous partager une série d’articles sur quelques-unes de ces sauvageonnes de chez nous, avec des conseils sur la manière de les identifier, les cueillir* et les utiliser. ouvrez grand les yeux et les oreilles, le voyage en vaut la peine!


Plantain - Plantago lanceolata - famille : Plantaginacées 

Le plantain est une plante vivace herbacée, très commune dans nos régions qui habite les prairies, les chemins et les terrains secs. Les profondes nervures qui sillonnent verticalement ses feuilles lui ont valu le nom d’herbe à cinq coutures; sa  longue hampe florale se termine par une étrange fleur en épi. 

Ce sont ses feuilles pointues, lancéolées - en forme de fer de lance - que l’on utilise en herboristerie pour leurs propriétés adoucissantes, cicatrisantes et nutritives. 

Le plantain a la réputation de suivre les hommes et de naître dans les traces de leurs souliers. Le nom latin Plantago viendrait d’ailleurs de la ressemblance entre la forme de ses feuilles et celle de l’empreinte d’un pied; nos anciens en glissaient une feuille dans leur chaussure pour soulager les pieds fatigués par une longue marche. Bien qu’il soit sans cesse piétiné, le plantain regorge de vertus et offre sa médecine environ dix mois par an. Les chemins du plantain croisent et recroisent ceux des humains, il est de ces plantes familières, presque domestiques, qui poussent près de nous et soignent les maux du quotidien.

Le plantain est riche en mucilages, une substance végétale qui devient visqueuse au contact de l’eau, que l’on emploie pour ses propriétés adoucissantes. Il contient également des tanins, des substances amères, des sels minéraux, du potassium et des vitamines A et C. La combinaison entre son astringence et la douceur de ses mucilages en fait un allié lors d’épisodes de toux grasses, en association avec le lierre terrestre, Glechoma hederaceae, par exemple. Le plantain est antihistaminique et soigne les allergies, le rhume des foins notamment, bien que, voilà tout son paradoxe, son pollen est lui-même allergisant! Pour les préparations à base de plantain, on utilisera la plante fraîche de préférence afin de garder le maximum de ses propriétés.

Il est dit que les fils d’or du plantain peuvent recoudre toutes les blessures. En effet, c’est un cicatrisant extraordinaire, doté de propriétés vulnéraires (qui aident à la cicatrisation des plaies et la guérison des contusions), d’où son surnom de “pansement d'urgence”. Vous pouvez facilement faire un cataplasme de plantain, en mâchant une feuille fraîche jusqu’à en faire une pâte juteuse à appliquer directement sur une brûlure, une écorchure, une ampoule mais aussi toutes sortes de piqûres : orties, insectes, serpents, ... Ce même cataplasme peut également nettoyer une plaie et accélérer la résolution d'une blessure.

Une œillère est un joli petit objet, en verre ou en porcelaine, qui ressemble à un coquetier, qui permet de faire des bains d’yeux; une pratique dont on a aujourd’hui perdu l’usage ou qui a été remplacée par des produits pharmaceutiques et des objets manufacturés beaucoup moins élégants. Il est cependant possible de réaliser des solutions maison à base d’infusion de plantes et de préparation saline. Avec notre ami le plantain, connu pour son efficacité dans le traitement des douleurs oculaires, on prépare un collyre pour soulager les inflammations des yeux, les orgelets ou les conjonctivites. L’occasion peut-être de réintroduire cet objet et cette pratique dans nos vies…? À noter qu’une croyance populaire attribue le bleuet aux yeux bleus et le plantain aux yeux noirs!

*Quelques conseils à toujours garder en tête lors de vos cueillettes sauvages:

  • La règle d’or : on ne récolte que des plantes que l'on a parfaitement identifiées. On n’hésite pas à utiliser nos cinq sens pour ça et on prend le temps de bien tout regarder.
  • On cueille en conscience et avec respect, c'est à dire que l’on ne prélève que ce dont on a besoin. Il faut bien veiller à ce qu’il reste assez de la plante pour qu’elle puisse continuer à se reproduire.
  • Pour savoir quand et quoi cueillir, on se réfère aux articles de Dot-To-Dot ou à un calendrier de cueillette, celui-ci par exemple
  • On fait attention à la qualité du site de récolte. On évite les endroits pollués, les bords des routes, les sites chimiques, les décharges, les champs traités, ... 
  • On évite de cueillir les plantes qui se trouvent à ras du sol et peuvent être porteuses de maladies, on préfère les cuire ou, si on veut manger cru, on fait attention de cueillir à vingt ou trente centimètres du sol.Pour en savoir plus sur la réglementation dans son pays/sa région, on peut consulter ce site 

 


Illustration: Lara Pérez Dueñas

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