Sauvages ! La Grande Bardane

Facilement reconnaissable, la Grande Bardane est une grande herbacée, bisannuelle, qui se dresse sur une hauteur pouvant atteindre 150 centimètres. Ses grandes feuilles sont d’un vert franc sur la partie supérieure et d’un vert blanchâtre sur la partie inférieure. Ses longues racines charnues, blanches sous leur peau brune, creusent en profondeur les sols humides et meubles. Les fleurs rose pourpre apparaissent pendant les mois d’été. Leurs capitules sont entourés de bractées terminées en crochets permettant à la plante une dispersion optimale.


La plante apprécie les sols riches en matière organique. Elle prospère dans des climats plutôt frais, ombragés mais a besoin d’une bonne exposition a la lumière. On la rencontre sur les bords des chemins, les berges des cours d’eau, dans les terrains vagues et les lieux abandonnés. Sa racine, riche en principes actifs et en propriétés médicinales, est employée en herboristerie, tant pour l’usage interne qu’externe.  Bien ancrée dans le sol, elle ne se laisse pas facilement déloger. Prévoyez une bonne bêche, un temps pluvieux et une bonne dose d’huile de coude! La récolte s’effectue idéalement à l'automne de la première année.

Connue sous une flopée de noms excentriques comme chou d’âne, herbe aux pouilleux, oreille de géant, bouillon noir ou tabac du diable, la Bardane accompagne les humains depuis des siècles. Le nom de son genre, Arctium, dérive du mot grec arctos, l’ours, évoquant à merveille l’aspect hirsute de cette sauvageonne. Ses nombreuses bractées munies de crochets s’accrochent avec succès aux pelages des animaux, aux chaussettes des promeneurs et aux cheveux des enfants. L’ingénieur suisse George de Mestral se sera d’ailleurs inspiré de la Bardane pour mettre au point un système de fermeture bien connu : le velcro.

La récolte des racines s’effectue idéalement à l'automne de la première année, lorsque la plante, qui se prépare à hiberner, renvoie vers ses racines son énergie et ses nombreux nutriments. Il faut éviter de récolter la racine de Bardane après l‘apparition des fleurs, en deuxième année, celle-ci sera alors moins riche en principes actifs. Les préparations ― tisane, décoction, alcoolature, cataplasme ―  sont d‘autant plus efficaces si elles sont préparées avec la plante fraîche.

Plante dermatologique par excellence, la racine de Bardane est connue pour ses propriétés dépuratives, diurétiques, antifongiques et antibactériennes. Elle excelle dans la résolution des problèmes de peau chroniques tels l'eczéma, le psoriasis, l'acné, les furoncles, les dartres, … Ses vertus anti-inflammatoires en font également une alliée de choix pour soulager les problèmes de rhumatismes, surtout si on l‘associe à la Reine des prés (Filipendula ulmaria) ou au Cassis (Ribes nigrum). Enfin, son action antivenimeuse permet d‘apaiser les douleurs causées par les piqûres d‘insectes ou d'araignées. 

En Asie, la Bardane se cultive au potager comme un légume familier. Au Japon et en Corée, où elle répond au doux nom de gobō, sa racine au goût mielleux est préparée comme n’importe quel autre légume-racine. Une fois épluchée comme on le fait avec les salsifis, elle se déguste râpée, poêlée, cuite à la vapeur ou à l'étouffée. Sa richesse en inuline en fait un aliment riche en prébiotiques et donc intéressant pour notre flore intestinale. Attention toutefois, comme avec le topinambour, sa consommation peut provoquer des ballonnements chez certaines personnes sensibles.


Illustrations: Sophie Weidler Bauchez

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