Il paraît que ta passion du jardinage est née grâce à un certain Alphonse. Qui était cette personne pour toi et comment a-t-elle fait naître cette passion?
Tout a commencé quand j'avais 7 ans. J'ai rencontré un vieux monsieur de 78 ans de mon quartier qui s’appelait Alphonse. C'était un homme passionné: non seulement il cultivait un énorme potager, comme ses ancêtres, mais il était aussi un professeur de musique renommé. Chaque jour après l'école et après ma leçon de piano avec lui, nous entrions dans son jardin magique. Il m'a tout appris sur les plantes, commençant par les semis et en terminant par les récoltes abondantes.
Il m'a transmis tout son savoir, transmis de génération en génération. Je lui suis extrêmement reconnaissant. Il m'a permis de développer de multiples passions comme le jardinage, la cuisine et la photographie. J'ai d'abord aidé Alphonse avec son propre jardin et très peu de temps après, j'ai planté certains légumes les plus faciles à cultiver, dans les plate-bandes de notre jardin.
Malheureusement, Alphonse est décédé le 7 janvier 2016 à l'âge de 85 ans. J'étais très attristé, mais j'ai décidé de lui rendre hommage en poursuivant son passe-temps favori, le jardinage, et en mettant en pratique les connaissances et les compétences qu'il m'a inculquées.
Après sa mort, j'ai demandé à mes parents un vrai potager, un lopin de terre comme celui d’Alphonse. C’est ainsi qu’est né «Le Potager d’Arthur» au printemps 2016.
En cultivant mes propres légumes, j'ai développé plus de compétences et de connaissances. Et en faisant cela, j'ai appris qu'un mode de vie plus durable était possible.
Un jour, j'ai décidé de partager connaissances, compétences, idées et passion sur les réseaux sociaux et j'ai créé une page Facebook et Instagram.
Aujourd'hui, des milliers de personnes suivent mon aventure et je suis reconnaissant de pouvoir partager ma passion avec le monde, comme Alphonse l’a fait avec moi. Je voudrais maintenir cette tradition de cultiver nos propres légumes, comme nos ancêtres l'ont fait dans le passé. Mais je voudrais avant tout inspirer les gens, en particulier les jeunes, à découvrir le monde en dehors du numérique et à rechercher nos racines dans la nature .
En quoi cultiver son propre potager est-il important pour toi?
Pour moi c’est très important de savoir d’où vient ma nourriture. En cultivant mon potager, je sais comment poussent les légumes, l’effort que ça demande, etc.
Cultiver ses propres légumes ne concerne pas uniquement la pratique. Ça demande beaucoup de planning auparavant, de technique et d’expérimentations.
Chaque année je crée un plan du potager en tenant compte des hauteurs des plantes, la rotation des cultures, l’association des cultures, les couleurs, ... Je garde également un petit coin pour quelques expérimentations dont les cucuzzis, les cucamelons, les okras ou même encore des trombocinos.
En mars 2020 tu as sorti un livre: « Mon petit potager bio sur 15m2 » qui est une vraie réussite! Comment as-tu vécu l’écriture et la sortie de ce livre?
En février 2019, "Les Éditions Eugen Ulmer" de Paris m'ont contacté car ils ont été époustouflés par la beauté de mon petit potager de 15 m². Ils ont trouvé incroyable que je pouvais transformer une tache d'herbe terne en un paradis abondant avec de merveilleux légumes, des fleurs colorées et de délicieuses herbes. J’ai enfin pu raconter mon histoire avec Alphonse et pu écrire tous ses précieux conseils qu’il m’avait donnés. Le livre m’a également donné l’occasion de partager cette passion incroyable avec le monde, comme Alphonse l’a fait avec moi.
Quelles sont tes exploits potagers dont tu es le plus fier?
C’est bien sûr mon livre! Je n’aurais jamais pu imaginer de publier un livre à mes 18 ans (je l’ai écrit quand j’en avais 17). J’ai eu énormément de retours positifs et cela me fait très plaisir.
Je suis également fier de pouvoir montrer qu’on peut faire énormément de choses sur un tout petit espace. Même si je ne dispose que de 15m², je parviens à cultiver plusieurs légumes, herbes et fleurs différents. Le secret de la réussite? La créativité! Utilisez votre imagination et optimalisez l’espace au maximum en cultivant par exemple à la verticale (bambous par exemple), en faisant des combinaisons de cultures: tournesols/maïs qui feront office de tuteurs à des haricots, les potirons qui occuperont l’espace au sol et des betteraves/radis qui pousseront sous le sol!
Quel conseil donnerais-tu à un jardinier en herbe qui aimerait se lancer comme toi dans la culture d’un petit potager?
Commencez petit! Moi-même j’ai commencé avec seulement 15m². Cela permet de bien entretenir cet espace. S’il on commence avec une grande superficie, on risque de se faire décourager par le boulot requis, les mauvaises herbes, etc. Au fur et à mesure que vous allez acquérir de l’expérience, vous pourrez agrandir votre potager si vous le souhaitez.
Quel est le plus grand enseignement que la culture de ce potager t’a apportée?
Le fait de cultiver mes propres légumes m’a fait réaliser qu’un monde plus durable est possible et qu’il existe un autre monde en dehors du digital.
La culture au potager m’a demandé beaucoup de travail et de patience, mais c’est fantastique de pouvoir regarder un projet fini et de se dire que j’ai fais tout ça par moi-même.
Cela m’apporte une énorme satisfaction personnelle. Le potager m’a également appris beaucoup de choses à propos de la nature: comment l’écosystème marche, d’où vient ma nourriture, trouver des problèmes et chercher des solutions, etc.
Illustrations : Sophie Ung