Les maîtres-maraîchers bruxellois

Quoi de mieux que se lancer dans la production des ses propres légumes pour se reconnecter au rythme des saisons ? Vous me direz que ce n'est pas toujours si évident à Bruxelles... Peut-être que vous ne connaissez pas encore cette petite perle d'outil citoyen que sont les MAÎTRES-MARAÎCHERS ! Selon leurs spécialités les maîtres-maraîchers partagent leurs expériences en potager, stimulant les projets d'agriculture urbaine à Bruxelles. Sophie Tollenaere du réseau de maîtres-maraîchers nous en dit plus sur ce réseau et comment rentrer en contact avec un maître-maraîcher pour recevoir des conseils.


Comment est né le réseau et quelles ont été les motivations pour sa création?

Le réseau a démarré en 2011. Calqué sur le concept des maîtres-composteurs (bénévoles donnant des conseils et ateliers sur le compost), on cherchait à avoir des citoyens-relais passionnés en jardinage. Le réseau a donc démarré par une formation pour former les premiers bénévoles. Vu l’importance croissante de l’agriculture urbaine (questions des particuliers, forte demande de parcelle dans les potagers collectifs, …) le réseau avait toute sa place dans cette ville en évolution.

Quel est le rôle d'un maître-maraîcher et combien de MM sont actifs au sein du réseau?

Les maîtres-maraîchers sont des bruxellois qui ont de l’expérience en potager et l’envie de la partager. Leur rôle est de stimuler l’agriculture urbaine à Bruxelles. Ils font ça par des conseils, des incitations et encouragements, par l’ouverture de leur jardin au public ou par le démarrage de projets et activités divers. Ils ont chacun leurs spécialités et c’est ce qui fait la force d’être plusieurs : d’un petit groseiller sur un coin de rue, à un potager sur toit dans une entreprise, passant par le potager collectif et le petit potager sur balcon.

Actuellement, Bruxelles compte un peu plus de 150 MM répartis dans presque toutes les communes, prêts à être contacté pour des questions ou des demandes. 

Si on a des questions au moment de lancer un potager sur une terrasse, de quelles manières pouvons-nous recevoir l'aide d'un MM? 

Les MM sont repris dans le bottin, afin de pouvoir être contacté de façon individuelle. Le contact est direct et vous posez vos questions ou vous arrangez pour recevoir la visite de ce MM, pour passer voir un potager quelque part, pour une réunion à l’école, etc. Étant bénévoles, certains auront plus de temps que d’autres à consacrer à votre projet, ce qui peut limiter la fréquence ou le nombre d’aides ou d’accompagnements qu’ils peuvent faire. Étant en rapport avec le réseau, ils pourront par contre relayer des demandes aux autres.

Sur le site ou la page facebook, il est possible d’envoyer un message au réseau. Pour des questions techniques, les MM on créé le groupe facebook “aide au potager à Bruxelles”

Les MM sont aussi présents à plusieurs événements dans la commune ou la région et dans les potagers démo. Ce ne sont pas les occasions qui manquent de venir rencontrer plusieurs MM et d’échanger avec eux.

La crise du Coronavirus a exposé la fragilité de nos systèmes alimentaires. Apprendre à produire ses propres légumes pourrait être une premier pas vers plus de résilience? Qu'en penses-tu? 

Les potagers ont certainement une importance dans la résilience alimentaire, de façons différentes à chaque échelle de production. Une petite balconnière sur un châssis de fenêtre, un petit potager sur terrasse ou dans une école permet de se connecter au saisons et à son alimentation. Cette prise de conscience influence les habitudes alimentaires (légumes choisis, gaspillage, magasin, …), qui jouent un grand rôle dans notre résilience. 

À une échelle plus importante, les potagers peuvent aider à apporter une certaine résilience alimentaire en légumes ou en fruits. Les bruxellois sont aussi fort créatifs pour produire dans leur cadre urbain (en cave, sur les toits, …) et le rôle des fruitiers n’est pas à minimiser quand on compte le nombre d’espaces verts présents sur la capitale et leur robustesse face à une certaine pollution du sol. Toutefois, il est évident que Bruxelles dépend fortement de terres avoisinantes (Brabant et Belgique) pour parvenir à une certaine autonomie alimentaire.

Vue différemment, je crois que la crise des mois passés a obligé/permis à un certain nombre de gens de prendre plus de temps ‘chez soi’ ou ‘pour soi’ (même si ce n’était certainement pas le cas pour tous!). Ce ralentissement permet de prendre le temps pour des projets tels que les potagers, le plus grand frein pour les projets étant souvent le temps qui manque...

Avez-vous un projet bruxellois coup de coeur à nous présenter? 

Plein ! On en voit tous les jours et, comme je disais plus haut, la créativité ne manque pas ! 

Le réseau des Jardins Semenciers tente de se réapproprier les variétés anciennes et adaptées à Bruxelles, et ce dans l’objectif de pouvoir redistribuer l’abondance que la nature a à offrir en fleurissant. Des variétés adaptées – locale ou venant d’un peu plus loin pour parer à certains changements - seront d’une grande importance si on veut pouvoir cultiver des légumes ‘faciles’ un peu partout.


 

Illustrations : Sophie Ung