Savoir revivre - Jacques Massacrier - Editions du Devin
Continuons à remplir les étagères de notre bibliothèque virtuelle dédiée à des ouvrages qui célèbrent la nature et tout ce qui la compose! Cette semaine, focus sur deux livres publiés dans les années 70, l'un par un français, Jacques Massacrier, l'autre par une américaine, Alicia Bay Laurel. Bibles des hippies, tutoriels de la vie sauvage, manuels du retour à la simplicité qui se font écho, tant par leurs messages que par leurs identités graphiques. Bienvenue dans le monde de la décroissance programmée!
“À quoi bon lancer des cris d'alarme contre la société de consommation et contre la pollution qui en résulte, si nous continuons à faire vivre les industries qui nous empoisonnent et épuisent les ressources naturelles de notre planète ? N’usons pas le peu d'oxygène qui nous reste à crier notre désarroi. Allons plutôt réapprendre à vivre en se passant du produit de ces industries et retrouvons, au contact de la nature, les bases d'une véritable échelle des valeurs.”
Ainsi s’ouvre Savoir Revivre, publié en 1973.
Jacques Massacrier, son auteur, a 36 ans lorsqu’il quitte Paris et son travail en agence de pub pour s’installer avec femme et enfants sur l’île espagnole d’Ibiza. Le couple troque sa voiture et son appartement parisien contre une ferme éloignée, sans eau courante ni électricité, où ils vivront en contact direct avec la nature et les éléments dans une volonté d’autonomie totale. Cultivant leurs légumes, fabriquant leurs vêtements, se soignant de manière naturelle, les savoir-faire de ces ex-urbains se tissent et se renforcent; ils apprennent à revivre. Jacques s’attèle alors à la réalisation de ce livre-manuel entièrement écrit et dessiné à la main. Le résultat est coloré, arrondi, foisonnant, à l’image de son époque.
Le livre connaît immédiatement un succès viral, se vend à 400 000 exemplaires, est traduit dans une dizaine de langues.Changement de ton dans les années 80 où les hippies ne font plus bonne figure... Le livre est relégué au rayon des bizarreries avant d’être redécouvert dans les années 2000. Devenu introuvable en librairie, il s’échange, se prête, se chine, bref, il devient une perle rare. En 2020, les éditions du Devin ont la bonne idée de le faire réimprimer. Il faut dire qu’en période post-pandémie, les questions de l’autonomie alimentaire, l’envie de ralentir et de s’éloigner des grandes villes rejoignent les préoccupations environnementales grandissantes. Regain de succès pour un livre toujours d’actualité, aux thématiques variées.
Pourquoi lire ce livre aujourd’hui?
Construit en 307 courts chapitres, ressemblant à un inventaire à la Pérec, on y apprend la menuiserie, le yoga, les associations de végétaux mais aussi à construire un mur, tricoter un pull, accoucher à la maison, lire les nuages et comprendre les rythmes lunaires. Véritable condensé de tutoriels, parlant de jardinage, de santé, de bricolage ou de couture, le livre traverse un large spectre de questions autonomistes avec une bonne humeur et une joie contagieuse.