Trouver son chemin dans le labyrinthe des valeurs et des produits respectueux de l’environnement et surmonter les embuches pour adopter un mode de vie plus durable.
Réduire l’empreinte carbone mondiale peut coûter cher, mais qui doit payer le prix des valeurs écoresponsables?
Le marketing nous incite à acheter des produits en plastique à usage unique vendus dans des emballages non recyclables, car ceux-ci sont pratiques, facilement accessibles et généralement plus abordables. Cependant, nous passons à côté des raisons pour lesquelles ces articles jetables sont ainsi commercialisés. Ces articles sont produits rapidement et à moindre coût, ils sont ensuite distribués en masse à des prix bas et lucratifs pour les fournisseurs. Néanmoins, au fil du temps, le coût engendré par l’achat répété d’un même article jetable commence à peser sur le portefeuille du consommateur. Investir dans des produits écologiques plus durables permet d’éliminer (ou du moins espérons-le) l’utilisation de leurs versions bon marché et jetables. En déjouant le piège de l’achat répété, nous adoptons un mode de vie résolument plus durable. Lorsque la question d’un achat ou d’une habitude se pose, nous pouvons nous tourner vers des alternatives plus durables sans nous sentir submergés par un remaniement écoresponsable.
Ca semble assez simple, non? Dans une situation idéale, oui. Cependant, ce mode de vie exige une série de conditions préalables.
Pour pouvoir l’adopter, il vous faut un toit, un emploi et un revenu stables. Votre partenaire et les membres de votre foyer doivent également y mettre du leur. Certaines personnes ne peuvent pas se permettre d’adopter un mode de vie écoresponsable et durable, car elles n’en ont simplement pas les moyens. Les économies mondiales basées sur la surproduction et le gaspillage sont nombreuses, tout comme les barrières qui nous freinent dans l’adoption d’un mode de vie respectueux de l’environnement. Basculer vers un mode de vie durable demande du temps, des efforts et un revenu suffisant pour pouvoir investir dans les produits de base qui permettront d’éviter les futurs gaspillages. Des produits qui, par exemple, permettront de refuser l’achat d’articles emballés dans du plastique et de favoriser les alternatives sans emballage.
La culpabilisation écologique et sa dangereuse rhétorique
Nombreux sont les blogueurs (souvent d’autoproclamés gourous du zéro déchet) qui scandent «Si je l’ai fait, pourquoi pas vous?». Ces sources d’information peuvent être à la fois utiles et décourageantes. Présentés comme un soutien, ces «encouragements» culpabilisent finalement ceux qui, contrairement à ces irréprochables, n’ont pas encore totalement adopté un mode de vie respectueux de l’environnement.
Mon conseil: prenez ce type de contenu avec des pincettes. Chacun est issu d’un environnement et d’un milieu économique différents. Lorsque le poids (et le sort) de la préservation de l’environnement repose ainsi sur les épaules d’un individu, le manque de soutien adéquat ou l’absence d’une vie stable sont trop souvent ignorés.
Être réaliste
La faible demande pour des produits respectueux de l’environnement et leur coût élevé sont intimement liés au manque de prise de conscience et d’information sur l’environnement, le changement climatique et l’impact humain.
En matière d’alimentation, l’aversion pour le plastique va souvent de pair avec l’achat de produits plus frais et plus sains.
Les produits respectueux de l’environnement sont disponibles, mais sporadiquement. Pour beaucoup, ils restent inaccessibles. Faites donc ce que vous pouvez. Demandez de meilleures ressources et trouvez dans votre aversion une position que votre esprit et votre portefeuille peuvent assumer.
Souvenez-vous, l’adoption d’un mode de vie écoresponsable et éthique n’est pas simple. Cette problématique est trop complexe pour pouvoir être résolue par une seule et même personne.
Malheureusement, c’est quand alimentation, accessibilité et coût se croisent que nous trouvons la plus grande disparité la mise en œuvre d’actions visant à résoudre les problèmes environnementaux susmentionnés. Ces problématiques sont complexes, trop complexes. Qu’est-ce qu’un individu peut résoudre? Que puis-je résoudre?
Être responsable
Identifiez et appliquez les mesures à votre portée pour l’environnement, mais apprenez à reconnaitre les aspects de votre vie que vous pourriez encore améliorer et prévoyez de le faire au moment où vous aurez le temps, l’argent, le soutien nécessaires à cela.
Ceci étant dit, je ne pense pas que cette responsabilité doit se traduire par un coût de la vie plus élevé sous prétexte que les choix bénéfiques à notre santé, notre économie et, plus important encore, notre environnement sont onéreux. La responsabilité n’est pas toujours à sens unique. On pourrait imaginer des solutions telles que des entreprises écoresponsables soutenues par le gouvernement, un investissement dans des programmes communautaires de développement économique et des modèles d’entreprise centrés sur l’environnement.
Une autre approche pourrait être d’apporter de légers changements aux structures communautaires afin de soutenir ces produits, par exemple un bon composte urbain partagé, des programmes de recyclage, et un apprentissage de leur fonctionnement.
Cependant, une autre démarche serait de consommer local, de faire ses achats dans des marchés fermiers ou chez le fermier local lui-même, en consommant des produits de saison. Se renseigner sur les légumes et les ressources alimentaires de votre pays ou de votre ville permet de soutenir les activités locales, d’investir dans l’abondance naturelle que votre terre a à offrir, et probablement, d’obtenir les produits et les aliments les plus frais et les plus savoureux. Toutes les régions du monde ne profitent pas de longues saisons chaudes ou de serres à grande échelle pour cultiver pendant l’hiver.
Apprendre à faire ses bocaux et ses conserves maison pour préserver et stocker ces ressources locales permet aux gens non seulement de prévoir, mais les encourage à apprendre par eux-mêmes à subvenir à leurs besoins et à réduire, par la même occasion, leur impact environnemental.
La conservation est un procédé poétique. Il vous rapproche des pratiques d’autosuffisance alimentaire que la production alimentaire et agricole à grande échelle a fait disparaitre. Être capable de planter, cultiver, récolter et conserver sa propre nourriture est souvent perçu comme une pratique archaïque, chronophage et contournable. Ce n’est pas nécessairement le cas.
Les inquiétudes vis-à-vis du changement climatique, des comportements et pratiques nuisibles engendrés par la production de notre nourriture grandissent. À travers le monde, nos communautés se tournent doucement vers une consommation si possible locale, mais au moins consciente de notre propre impact sur l’environnement. Chaque initiative, du jardin domestique aux ruches urbaines, constitue une manière de se réapproprier notre santé environnementale et personnelle.
On peut toujours faire mieux. Cependant, une fois encore, on se retrouve face à des restrictions liées à l’espace et au coût du «fait maison». Partager ces pratiques, ces connaissances et ces ressources permet de surmonter ces limites. Non seulement le coût de ces initiatives s’en voit diminué, mais l’approche d’un «exploit» alimentaire en apparence impressionnant devient moins intimidant. Cette démarche constitue également l’une des meilleures manières de prendre part à communauté composée de membres sensibles au respect de l’environnement et de la faire grandir. L’association du nombre et des valeurs collectives est incroyablement puissante.
Zéro déchet
Voici juste quelques façons simples d’éviter les emballages en plastique. L’intégration de ces pratiques dans votre vie personnelle et dans le monde demandera du travail. Pourtant, elles sont mises en place et commencent à se répandre, accompagnées par la promesse d’un avenir plus vert.
En mars 2013, Original Unverpackt a ouvert sa première épicerie zéro déchet à Berlin. Si le magasin ne proposait que 600 articles, il offrait de la nourriture sans emballage, des articles de cuisine, des spiritueux et des cosmétiques. La boutique proposait également une modeste sélection en ligne. Elle était fondée autour d’un approvisionnement local afin de réduire le coût du transport et la consommation d’énergie. Avec l’aide de Michael Brown de NAU Architects, ses instigateurs ont conçu un espace innovant, où les articles en vrac sont présentés dans des distributeurs par gravité. Les clients, quant à eux, apportent leurs propres récipients et leurs sacs pour faire leurs achats.
Ce type de boutiques et les autres magasins qui défendent les valeurs écoresponsables sont généralement lancés sous la forme de microboutique. Le consommateur, l’économie locale et l’environnement sont au cœur des priorités de leur plan de développement.
Passer à l’action
Afin d’encourager une démarche sociétale écoresponsable, ces concepts respectueux de l’environnement et les denrées sans plastique doivent devenir accessibles et abordables. Ils doivent devenir familiers.
Plus important encore, les options irréfléchies à l’emporte-pièce proposées par nos communautés, nos villes, nos provinces, nos pays et le monde doivent être repensées dans une perspective durable.
Traduction : ELV Translations
Illustrations : Julie Rambaud