J’habite ici aussi est un joli livre, né de la collaboration entre les mots de Jean-Michel Leclercq et les dessins de MArie MAhler, édité en novembre dernier par CFC ÉDITIONS. Dans ce recueil coloré, qui s’adresse aux enfants et à leurs parents, on écoute des humains anonymes raconter leurs rencontres, fortuites ou organisées mais toujours vraies, avec le monde sauvage.
Tout a commencé au début de l’année 2020. MArie MAhler retrouve alors une brochure de Natagora sur les animaux sauvages en région de Bruxelles Capitale qui traînait dans son atelier. Fascinée par ces petits êtres qui vivent près d’elle mais qu’elle ne voit quasiment jamais, elle commence à les dessiner pour (un peu) les apprivoiser. Il en ressort une série de peintures très colorées et aux techniques variées qu’elle vend sur un marché de créateurs. Petit à petit, des proches, des amis, des inconnus parfois, commencent à lui raconter des anecdotes qu'ils ou elles ont eu avec une faune plus ou moins citadine. Amusée et intriguée, MArie commence à les compiler puis elle se rend compte du potentiel et décide d’en faire un recueil. Elle fait alors appel à la plume de son ami Jean-Michel Leclercq, auteur et journaliste pour qu’ensemble, ils partent à la chasse aux histoires.
Dans son filet, ce duo d’éthologues* amateurs a rassemblé pêle-mêle le récit de la disparition mystérieuse des chaussures de Sandrine, le témoignage d’Elizabeth et Mark, les amoureux des martinets, ou encore le dilemme de Sandra derrière son rideau.
Au final, ce sont seize petits morceaux de vie qui tricotent une variété d’émotions humaines, entre émerveillement et amusement. Le ton est léger et l’observation est de mise dans ces récits qui impliquent toujours deux personnages, l’humain qui raconte et l’animal qu’on rencontre.
Inspirés des lectures d’auteurs comme le chercheur français Baptiste Morizot et la philosophe belge Vinciane Despret, Jean-Michel Leclercq et MArie MAhler concluent leur livre par un chapitre sagement intitulé “Petite philosophie animale”. Ils nous invitent à repenser notre rapport aux autres espèces vivantes et à nous remettre dans le cercle animal car, nous avons tendance à vouloir le gommer, mais l’homme est également un mammifère. Les animaux sont donc nos cousins et il nous revient de les respecter, de protéger leurs lieux de vie et leurs habitudes, même (et peut-être surtout) lorsqu’elles viennent bousculer les nôtres, lorsque nos chemins se croisent et que l’on se retrouve face au sauvage qui nous fascine et nous fait peur. Les auteurs rappellent d’ailleurs quelques conseils de bonne conduite envers les animaux sauvages, notamment le fait que l’humain ne doit pas toujours intervenir dans des situations qu’il juge, selon ses critères, cruelles. Laisser faire c’est aussi respecter d’autres manières de vivre que les nôtres. Les animaux qui vivent à l’intérieur ou aux abords des villes marchent sur des fils qui séparent le sauvage et l’apprivoisé, la proximité et la distance, la curiosité et la peur. Donnons-leur la place d’exister et de se faire une place, un nid, un terrier afin que nous puissions espérer les rencontrer et nous émerveiller de leurs présences.
On aimerait imaginer qu’il existe quelque part une version chantée, criée ou dansée de ce livre; la face B de toutes ces histoires qui donnerait à entendre le récit que font les animaux de leurs rencontres avec ces étranges bipèdes que nous sommes. Ce seraient certainement des récits cocasses et plein d’humour mais nous n’aurons probablement jamais l’occasion de les entendre. Sauf peut-être, si, comme le suggère McCloud, nous apprenions à parler le merle…?
Pour vous ruer sur ce livre polyphonique, rendez-vous chez CFC éditions ou chez votre libraire préféré!
Vous avez envie de raconter votre histoire? N’hésitez pas à la partager via l’adresse mail jhabiteici@mariemahler.com afin que l’on puisse se délecter de la suite de ces histoires!
* l’éthologie est l’étude du comportement des animaux.