Empreinte carbone, taux d’émissions CO2, forêts parties en fumée...tout ce Carbone dans l’air que nous respirons. Angoisse, colère, désespoir. Que puis-je faire concrètement à part essayer d’en produire le moins possible en consommant ‘réutilisable’ et me déplaçant de façon plus écologique à chaque fois que c’est possible ?
Et bien il y a un moyen pour remettre le carbone de là d’où il vient, c’est à dire dans le sol. Même quand on n’a pas de jardin. Et c’est tellement simple, si on y réfléchit.
Mais avant de vous dévoiler le secret pour faire cela vous même -oui oui, vous, moi, chacun de nous peut agir dans ce sens- voyons un peu ce que devrait être le cycle de ce fameux carbone et pourquoi il ne tourne plus rond!
Le carbone, ou C pour les intimes, est la brique à la base de toute matière organique. Toi, moi, les animaux, les plantes, nos aliments...tout cela est de la matière organique. Lorsque la nature suit son cycle sans interférences humaines, il suit une économie circulaire de compétition: rien ne se perd, tout se transforme.
Prenons par exemple la forêt : les feuilles tombent aux pieds des arbres, forment une litière qui abrite des millions de micro-organismes et de petites vies qui vont s’en nourrir. Champignons, moisissures, bactéries, vers, etc. laissent derrière eux des ‘déchets’ précieux car assimilables par l’arbre. Lui s’en nourrit à nouveau par ses racines pour grandir et produire de nouvelles feuilles, fruits. Et ainsi de suite, la boucle repart.
De plus cet arbre respire et à l’opposé de nous, lui respire du CO2 et expire de l’oxygène. Les bactéries dans ce type de sol - qu’on appelle sol vivant- contribuent aussi à (re)stocker le carbone dans la terre.
La forêt n’a pas besoin de fertilisants, car elle se nourrit d’elle même et produit l’O2 que nous respirons.
Maintenant voyons le même scénario dans notre jardin/parc, qui est en soi potentiellement une mini-forêt. Les feuilles tombent...et on les ramasse car on veut un gazon bien propre (moins de C dans la terre). La tonte aussi on la vire. (encore moins de C dans la terre). Et hop, s’en va la nourriture des arbres. Avec un peu de chance, ces feuilles/tontes de gazon serviront de paillage ou ‘mulch’ sur les plates-bandes fleuries ou dans un tas de compost au fond du jardin. (bravo ! plus de C dans la terre)
Mais souvent, c’est dans des sacs en plastique (pas aussi biodégradables qu’on prétend) que ce carbone précieux est transporté par des camions (plus de CO2 dans l’air, entre-autres) vers des incinérateurs, dans le pire des cas: le carbone sera alors brûlé et relâché dans l’atmosphère sous forme de CO2.
Si vous avez un jardin, dédiez un petit coin à vos ‘déchets verts’ entassés, qui vont en réalité être de la nourriture: même loin des plantes, celles-ci ont un système pour transporter la nourriture qu’elles ne peuvent atteindre. C’est le système de racines combiné aux mycorhyzes: des réseaux de champignons qui travaillent en symbiose avec les plantes en formant un réseau plus vaste que celui d’internet et leur permettent d’accéder aux nutriments par une espèce de système de Deliveroo!
Gardez donc votre carbone dans votre jardin: non seulement vous évitez de produire du CO2 mais vous aurez un ‘crédit carbone’ bonus, votre jardin ne s’en portera que mieux et votre portefeuille aussi car vous n’aurez pas besoin d’acheter de produits fertilisants, ceux de synthèse étant terribles pour l’écosystème, on en reparlera dans un autre article.
OUI MAIS JE N’AI PAS DE JARDIN!
Votre nourriture aussi est de la matière organique!
Et elle peut être transformée chez vous, sans sac orange et transport en camion, sans tas de compost, ni vermicompostière…ni odeurs désagréables: vous imaginez la révolution !
Ce qui reste quand on prépare un repas (pelures, chutes, morceaux durs, coquilles d’œufs...) mais aussi ce qu’il reste de votre assiette, cuit et même les protéines animales: le reste de coquillettes au jambon de Maxime, la betterave que Jules n’a pas apprécié, les croûtes du fromage, le bout de viande resté là, les carapaces des scampis... tout ça finit généralement à la poubelle ou dans un sac orange (en plastique !?! plus de CO2) qui va voyager plus de 100km en camion (encore plus de CO2) jusqu’à un biodigesteur qui va produire du méthane...qui lui est 4x plus polluant que le CO2!?!
La bonne nouvelle?
Il y a une technique appelée le compostage Bokashi qui permet de transformer chez vous, tous vos restes alimentaires en quelques mois et sans trop d’efforts ni inconforts, en passant par une étape de lacto-fermentation.
Pour autant que vous ayez un peu d’espace (extérieur ou cave) à disposition, tout ce carbone peut être traité sur place et en plus vous bénéficiez d’engrais gratuit et de terreau vivant pour vos plantes, pots, bacs à fleur ou pour le pauvre arbre bétonné dans votre rue...
Vous aurez apporté nutriments et vie à de la terre(au) épuisée. Et il vous le rendra bien car du coup...il respirera aussi plus de CO2 de l’air. Donc non seulement vous aurez sorti du circuit de la poubelle blanche la matière organique et les nutriments qui disparaîtraient à tout jamais dans un incinérateur (ou pire, produiraient du méthane et autre gaz pas folichons si enterrés en décharge).
Vous avez économisé tout le carbone qui se serait envolé avec les roues des camions-bennes. Et les sacs plastique blancs ou oranges avec. Et vous avez minimisé les allers-retours au fond du jardin, si vous avez un compost (très apprécié en hiver quand il pleut !).
Vous avez nourri la terre du carbone qui la structure. Vous lui avez apporté la vie, car la technique du Bokashi s’appuie sur l’action des Micro-Organismes Efficaces (ou EM, présents dans le Démarreur) qui rétablissent l’équilibre des bonnes bactéries présentes dans la terre fertile, ce qui empêche l’érosion des sols. Et ça compte tant dans votre pot de basilic, que votre carré de culture hors sol, votre potager ou simplement vos hortensias.
De plus, le Bokashi –qui se fait dans un seau étanche en étape 1- se garde à l’intérieur du domicile : sous l’évier, dans la buanderie, le garage. Pas d’odeurs désagréables, pas de mouchettes ni de bébêtes qui se baladent. C’est pratique, efficace et compatible avec une vie active.
Vous agissez concrètement et individuellement, chaque jour, à chaque repas, à construire un monde meilleur….Elle est pas belle la vie ?
Si vous souhaitez en savoir plus sur le recyclage de vos aliments avec la technique du Bokashi Compost : www.bokashicompost.be
Illustrations: Bihua Yang