En tant qu'expert en déchet alimentaire, quelle est la partie de ton métier que tu aimes le plus?
Ce que j'aime le plus dans mon travail, c'est l'étonnement que nous arrivons à susciter chez les gens lorsqu'ils constatent la quantité de nourriture qu'ils gaspillent. Une fois qu'on a captivé leur attention et qu'ils veulent participer à la recherche d'une solution, c'est formidable de voir comment le sujet peut passionner et comment les personnes investies arrivent plus tard à en encourager d’autres à rejoindre la lutte contre le gaspillage alimentaire. Les effets positifs que nous constatons après nos campagnes sont toujours une agréable surprise.
Je suis également ravi lorsque nous mettons des entreprises en contact et que nous constatons que des collaborations positives en découlent, ce qui est fondamental pour élargir le travail de prévention du gaspillage alimentaire.
Quelle est la philosophie de FoodWin?
Nous essayons de transmettre un message positif, en travaillant avec les autorités locales et les consommateurs pour les motiver à s'engager dans la prévention du gaspillage alimentaire, mais on cherche aussi à embarquer les cuisines industrielles et les entreprises.
Nous essayons d'y parvenir en collaborant avec le plus grand nombre possible d'acteurs du secteur ; nous avons également créé la Food Waste Alliance avec différents experts qui unissent leurs forces pour concrétiser des projets. Foodwin est le point de contact unique pour tous les acteurs du secteur ayant des questions sur le gaspillage alimentaire.
L'équipe de FoodWin se dit très motivée dans la recherche et l'innovation pour combattre le gaspillage alimentaire. Peux-tu nous donner un exemple de solution développée par FoodWin?
Nous n'inventons pas nécessairement la roue à chaque occasion, mais nous avons une vue sur un ensemble de pratiques qui peuvent être combinées et appliquées dans différents domaines pour améliorer les dynamiques à l'intérieur de chaque organisation. Notre outil de mesure du gaspillage alimentaire pour les consommateurs et les cuisines institutionnelles est certainement l'un des outils les plus efficaces avec lequel on a l'habitude de travailler.
Vous travaillez avec une partie des acteurs de la chaîne alimentaire (gouvernements, cantines collectives et entreprises alimentaires) qui a parfois du mal à s'adapter à la transition écologique. Peux-tu nous en dire plus sur les défis les plus courants auxquels ils font face?
Pour les grandes organisations, c'est principalement la structure et la «façon de faire» existantes depuis longtemps qui rendent parfois difficile l'introduction de changements. Ces structures doivent faire face à plusieurs enjeux écologiques en même temps, parfois plus urgents que la réduction des déchets alimentaires
Dans la situation de pandémie que nous vivons, il est difficile de convaincre les grandes organisations à s'engager à réduire le gaspillage alimentaire, car il est parfois très compliqué d'impliquer tous les acteurs nécessaires.
Néanmoins, nous constatons que la motivation est grandissante et nous sommes très satisfaits des actions menées par notre organisation jusqu'à maintenant. Nous avons embauché pas moins de 4 nouveaux employés au cours des 2 dernières années et notre agenda reste plein. Il y a la faim pour s'y attaquer ensemble !
Un conseil à donner pour lutter contre le gaspillage alimentaire en tant que citoyen?
Oui! Parfois nous avons besoin d'effectuer de petits gestes afin d'éviter le gaspillage. Par exemple, bien calculer la quantité de nourriture dont on a besoin! Il suffit d' anticiper avant de faire les courses ou simplement avant de se servir une assiette.
En termes de conservation de la nourriture nous pouvons aussi faire une différence très importante. Il faut savoir que les dates de péremption sont responsables de 10 % des 88 millions de tonnes de nourriture jetée chaque année tout au long de la chaîne alimentaire en Europe. Apprendre à interpréter correctement les dates de péremption et à distinguer "à consommer jusqu'au" et "à consommer de préférence avant le". Il faut sentir, regarder et goûter avant de jeter.
Prendre en compte que dans le frigo, la température diffère d'une zone à l'autre va aussi nous aider à moins gaspiller. Vous devez d'abord régler votre réfrigérateur à la bonne température: 4°C. On placera la viande et le poisson dans la partie inférieure et plus froide (entre 0 et 2°C), les yaourts, fromages et les restes dans la partie supérieure (entre 6 et 7°C). Les légumes iront dans les bacs prévus à cet effet (4 à 6°C).
Illustrations: Annabelle Guetatra