la région de bruxelles-capitale est bien plus verte qu’on ne l’imagine et abrite une mosaïque de parcs, bois, jardins et forêts. au creux de ces poumons verts, une ribambelle de plantes sauvages ont élu domicile et ne demandent qu’à être rencontrées. nous avons eu envie de vous partager une série d’articles sur quelques-unes de ces sauvageonnes de chez nous, avec des conseils sur la manière de les identifier, les cueillir* et les utiliser. ouvrez grand les yeux et les oreilles, le voyage en vaut la peine!
La première cuillette du gaillet gratteron ou galium aparine
Le gaillet gratteron, c’est cette petite plante Velcro de notre enfance. Si, souvenez-vous ! Celle que l’on accrochait à nos gros pulls de couleurs vives comme des pin’s ou pour ceux qui habitaient la campagne, celle qui se collait aux ourlets de nos pantalons.
Il fait partie de la famille des rubiacées, dont ses représentants sont généralement présents dans les régions tropicales. Le genre galium est l’une des exceptions à cette règle et est largement répandu en Europe.
Cette herbe collante était anciennement utilisée pour cailler le lait des chèvres et des vaches dans les régions d’alpage. Le nom scientifique galium, du grec gala qui signifie lait, y fait référence.
Cette plante annuelle qui se confond facilement avec ces pairs, tous comestibles et très communs, peuple les haies, lisières, berges et champs de nos régions. Font également partie de cette famille, le gaillet blanc, le caille- lait jaune et la réputée aspérule odorante mais seul le gratteron s’accroche à nous et part en voyage au gré de nos promenades.
La tige
La racine est courte mais la tige peut atteindre plus d’un mètre. Carrée, molle et rampante, parfois grimpante et hérissée de petits poils de soies collants. En grandissant, elle peut s’affaisser de manière nonchalante sur les autres plantes qui l’entourent. Elle présente les mêmes propriétés et principes actifs que la feuille.
Les feuilles
Les feuilles ovales et lancéolées sont verticilles par six à huit sur la tige et forme des couronnes. Elles ont, comme la tige des petits crochets soyeux et elles se terminent par une longue pointe épineuse.
Résistantes au gel, on commence à observer les jeunes pousses et les feuilles en février, si la période n’a pas été trop froide.
En herboristerie, les parties aériennes de la plante sont récoltées pour réaliser une infusion simple ou composée. Reminéralisante, diurétique et dépurative à la fois, elle est idéale à consommer pour un nettoyage de printemps.
Elles stimulent le système lymphatique, ces canalisations qui drainent un liquide transportant nos déchets vers nos ganglions afin d’être éliminés. Pour une infusion simple, on prend 30gr de plante pour un litre d’eau chaude et on en boit deux à trois tasses par jour.
On peut l’associer à l’ortie et à la prêle pour une infusion riche en minéraux ou à la bardane pour un petit décrassage. Consommer la plante entière en jus pour bénéficier de l’ensemble de ses propriétés de manière rafraichissante ou alors juste les feuilles jeunes et fraîches, au goût de petits pois, avec des autres feuilles de saison comme celles du pissenlit, de l’oseille ou encore de l’alliaire.
La feuille, riche en vitamine C, anti oxydants et flavonoïdes peut être utilisée en externe pour réparer et nettoyer la peau.
La fleur
La fleur blanche est très discrète, toute petite et s’épanouit de juin à octobre. Comme toutes les fleurs, elle contient l’ensemble des organes qui assurent la reproduction de la plante. Réunies en grappes, ces minuscules corolles blanches ou vertes à quatre pétales plats et pointus se perchent sur un pétiole qui part du centre d’une couronne de feuille de la tige centrale.
Elles sont également comestibles et se posent en touche subtile sur nos préparations.
La petite histoire
Ce trésor du printemps offre un fruit diakène, en deux parties, précieux. On le récoltait pour le torréfier et en faire un ersatz de café appelé ‘le café des riches’ qui fut très prisé autrefois. Ce fruit qui offre à son tour des graines se repend facilement, s’accrochant lui aussi partout et colonisant ainsi abondamment nos espaces verts.
Recette pour une huile infusée au gaillet gratteron
Pour réaliser une macération solarisée, on choisit un récipient en verre translucide comme un petit bocal ou une bonbonnière.
On le rempli du gaillet qu’on aura pris soin de laisser sécher presque totalement et on le couvre d’une huile végétale. On peut aussi y ajouter quelques fleurs de calendula pour les propriétés adoucissantes et réparatrices.
Cette préparation se destinant à la peau fine et délicate de notre visage, on choisit une huile végétale adaptée à celui-ci, de qualité vierge et de première pression à froid. La jojoba qui stabilise et hydrate tous les types de peau, le noyau d’abricot pour une peau plus sèche ou encore l’huile nigelle pour les peaux plus fragiles… Les choix sont nombreux !
Le bocal rempli et fermé de façon hermétique est placé à la lumière du soleil pour 21 jours ou pour quatre à six semaines par temps gris. Attention, si on a fait le choix d’une huile végétale qui rancit rapidement, on enveloppe le bocal dans du papier kraft !
Pour honorer les traditions anciennes, couvrir le bocal la veille, le jour et le lendemain de la pleine lune.
Une fois prête, la macération est filtrée et mise en flacon. On peut l’appliquer directement sur la peau dans l’idée d’un soin assainissant et apaisant ou l’utiliser comme base pour la fabrication d’un baume.
*Quelques conseils à toujours garder en tête lors de vos cueillettes sauvages:
- La règle d’or : on ne récolte que des plantes que l'on a parfaitement identifiées. On n’hésite pas à utiliser nos cinq sens pour ça et on prend le temps de bien tout regarder.
- On cueille en conscience et avec respect, c'est à dire que l’on ne prélève que ce dont on a besoin. Il faut bien veiller à ce qu’il reste assez de la plante pour qu’elle puisse continuer à se reproduire.
- Pour savoir quand et quoi cueillir, on se réfère aux articles de Dot-To-Dot ou à un calendrier de cueillette, celui-ci par exemple
- On fait attention à la qualité du site de récolte. On évite les endroits pollués, les bords des routes, les sites chimiques, les décharges, les champs traités, ...
- On évite de cueillir les plantes qui se trouvent à ras du sol et peuvent être porteuses de maladies, on préfère les cuire ou, si on veut manger cru, on fait attention de cueillir à vingt ou trente centimètres du sol.
Pour en savoir plus sur la réglementation dans son pays/sa région, on peut consulter ce site
Lexique
- Annuelle - plante qui, en un an, accomplit son cycle complet de végétation et disparaît.
- Dépuratif - qui soutient les organes émonctoires comme la peau, le foie ou les reins dans l’élimination de certains déchets.
- Diurétique - au sens large, plante qui augmente le volume des urines.
- Lancéolé - feuille en forme de lance pointue aux deux extrémités.
- Verticille - réunion des feuilles autours d’un même axe, typique des gaillets.
Illustration: Léa Viana Ferreira