L’eutrophisation, kézako?
Le mot eutrophisation tient son origine du grec eutrophos signifiant « bien nourri, nourrissant » ; trophos signifiant « nourriture » et le préfixe eu- signifiant « abondant, bien ». Vous l’aurez peut-être compris, il y a eutrophisation quand l’eau est chargée d’un excès de nutriments qui entraine une prolifération excessive de végétaux aquatiques. L’eutrophisation est donc un déséquilibre écologique visible à l’œil nu, lors des marées vertes ou des eaux de couleur verte et brune, et qui touche les eaux douces comme les eaux marines littorales.
Les causes de l’eutrophisation : pourquoi nos activités sont-elles en cause ?
Pas besoin de chercher bien loin pour trouver les coupables, bien que l’eutrophisation puisse parfois être naturelle, c’est un phénomène exacerbé par les activités humaines : agriculture intensive, élevage, et nos propres rejets domestiques et industriels. Mais comment tout cela se passe-t-il concrètement ? Les pluies entraînent les engrais et les eaux usées dans les rivières et lacs, y déposant de grandes quantités d’azote et de phosphore, principaux acteurs de l’eutrophisation. Depuis 1960, la consommation mondiale d’engrais azotés de synthèse a explosé, multipliée par neuf. Cette surabondance de nutriments booste la croissance des algues, des plantes aquatiques et du phytoplancton. Quand ces plantes meurent et se décomposent, elles consomment l’oxygène de l’eau, créant des zones mortes où la vie ne peut plus prospérer. Un vrai cercle vicieux.
Et les conséquences ?
Sur-boostées aux engrais, les algues envahissent tout, bloquent la lumière et consomment tout l’oxygène. Résultat ? Une véritable asphyxie du milieu : poissons et autres créatures n’ont plus d’issue. On se retrouve avec de l’eau aux odeurs nauséabondes, des poissons morts ou des marrées vertes… Et pour nous : eau de mauvaise qualité, traitement compliqué pour la rendre potable, sans compter les gaz nocifs qui peuvent se dégager. L’eutrophisation a un impact à tous les niveaux.
Comment l’eutrophisation se manifeste-t-elle dans les différents milieux aquatiques ?
Les rivières : Les rivières, comme la Loire, souffrent d’un développement excessif d’algues planctoniques. Parfois, des plantes aquatiques envahissantes prennent le relais, les macrophytes. Pour surveiller ce phénomène, on utilise l’indice IBMR (Indice Biologique Macrophytique en Rivière), qui permet d’évaluer la qualité de l’eau.
Les lacs : Dans les lacs, mares et étangs, on observe des algues qui se développent en surface et une perte d’oxygène dans les profondeurs. Pourquoi ? À cause de la décomposition de la matière organique qui coule au fond. Là encore, un indice – l’IBML (Indice Biologique Macrophytique en Lacs) – permet de suivre l’évolution de la situation.
Les littoraux et océans : Les marées vertes en Bretagne ça vous dit quelque chose ?
Elles touchent les littoraux et océans, causant des dégâts sur la biodiversité comme sur le tourisme, et entrainent parfois des accidents mortels dus aux gaz toxiques comme le sulfure d’hydrogène (a ce sujet, on vous recommande les deux épisodes d' »Algues vertes : le déni » des pieds sur terre sur France culture ou le film « les algues vertes » de Pierre Jolivet). Ces zones mortes se multiplient dans le monde entier, notamment au nord du golfe du Mexique ou encore en Adriatique.
Lutter contre l’eutrophisation : par où commencer ?
L’eutrophisation, c’est un signal d’alarme : nos écosystèmes aquatiques sont en danger. Alors faisons attention à notre environnement en réduisant notre impact et en protégeant nos ressources en eau.
Pour lutter contre l’eutrophisation, il faut s’attaquer à la racine du problème : réduire les apports en phosphore et en azote dans les milieux aquatiques. On peut le faire en utilisant moins d’engrais et de détergents, en améliorant le traitement des eaux usées, et en adoptant des pratiques agricoles plus durables, comme l’agriculture raisonnée ou l’agriculture régénérative. Et pourquoi pas créer des zones tampons végétalisées entre les champs et les cours d’eau, ou restaurer des haies pour limiter le ruissellement ?