Ce mois-ci nous mettons à l’honneur le travail de Jean-Charles Frémont. Artiste naviguant entre le papier et les pixels, fasciné par les textures et les détails où il aime se perdre, il ouvre des portes - comme il le dit lui-même - et voit ce qu’il s’y passe ensuite. Fasciné par les machines, la Nasa et les objets en tous genres, il se plait à créer de nouveaux automatismes et se réinvente sans cesse. Rencontre dans son atelier, entre “pasteis de nata” et cahiers de croquis, il a répondu à nos questions!
- Quel est ton processus de création?
Le processus est très varié vu les différents domaines que j’explore. J’aime en général travailler seul et me laisser bercer par l’envie du réveil. J’ai le choix entre expérimenter sur « le pixel » à la maison, ou sur le geste et le papier à l’atelier. Je cogite pas mal à l’avance sur mes envies. Mettre à plat des souvenirs, des obsessions, des boucles visuelles, des rêves d’enfant.
J’aime voir certains de mes dessins comme des puzzles, où l’oeil se perd dans le détail séquencé d’une image.
Ma palette de création pourrait se limiter à la plume et l’encre de chine: où j’aime me perdre dans les détails d’images. Ce travail amène à un processus très lent où le format va rester longtemps en second plan. Mais lorsque que je me lance, c’est un moment d’oubli où je recherche à reproduire un détail complexe.
Ou bien au geste: où j’aime explorer un automatisme travaillé, une image mentale que j’essaye à chaque fois de reproduire avec des techniques non maîtrisées, une sorte d’ouverture et d’exploration d’un champ plastique encore inconnu. La couleur prend une place très importante dans ce processus. J’aime travailler ma gamme avant de remplir le papier. Me donner des contraintes comme celle du temps, me permette de prendre plus de recul sur l’image.
Ou bien à ma tablette graphique: où j’aime reproduire une image prise d’internet ou de mon cercle proche, et travailler le pixel plus que l’image. Ce sont des recherches qui traitent aussi bien l’image fixe que l’image en mouvement. Je recherche une saturation dans la reproduction, et de plus en plus une abstraction dans l’exagération du pixel.
Il n’y a pas vraiment de processus cadré dans ma démarche, c’est plus une recherche constante d’explorer des champs de la création et d’y adapter mon esprit plastique du moment.
- Comment trouves-tu l'inspiration dans ton quotidien?
Internet procure le nécessaire à la base de mon travail, une image origine n’est jamais loin dans la réalisation de mes dessins. J’essaye de m’éloigner de ce média, et de faire appel à mon imagination, ou à mes recherches papiers.
Les livres pour enfants/les dessins animés font partie de mon quotidien et je suis loin d’en être mécontent. Je me perds dans les détails des illustrations et autres jeux d’animations. La gestion des plans et de la profondeur dans l’animation est quelque chose qui me fascine.
Mon inspiration revient souvent à l’époque de mon enfance dans les année nonante, que ce soit vis-à-vis de l’objet, des icônes, des souvenirs. Ma fille m’apporte son lot d’imageries et d’improvisation que j’aime parfois reproduire. Une sorte de laisser aller, de légèreté avec le crayon.
- Quel est ton projet alternatif belge/bruxellois coup de coeur?
Dans la vie de tous les jours, je travaille dans un marché bio dans les Marolles. J'ai l'habitude de croiser plein de producteurs. Le champignons de Bruxelles est une structure jeune qui a fait le pari d'utiliser les caves pour produire des champignons dans la ville. Ils ont maintenant évolué et grandi, et font varier leurs productions. Belle énergie humaine.
Photos : Louise Devin