FruitCollect: Valoriser les ressources locales pour aider les plus démunis

Printemps 2018

FruitCollect est une jeune structure qui lutte contre le gaspillage alimentaire dans nos jardins. Elle rassemble des propriétaires de jardins possédant des arbres fruitiers avec des associations oeuvrant dans le milieu de l’action sociale. Les fruits récoltés profitent alors à des personnes plus démunies dans les institutions où les fruits et légumes de saisons frais ne sont pas spécialement valorisés. Noémie et Maxime nous en disent plus sur leur initiative.


L'idée de base de votre projet est géniale et en même temps toute simple, comment vous est-elle venue ?

Maxime: L'idée est venu en automne 2014. Je me promenais dans le jardin de mes parents où il y a quelques arbres fruitiers et je me suis rendu compte que je n'avais jamais goûté leurs fruits. J'ai alors réalisé qu'il y a énormément de gaspillage qui se crée ainsi. Une banque de don alimentaire est à côté de chez moi mais ni moi ni mes parents n'avaient fait la démarche d'aller y apporter nos fruits. Mon voisin avait un énorme cerisier et je me suis dit que si dans une rue il y a quatre arbres fruitiers et des propriétaires ne consomment pas leurs fruits ça doit surement se répéter ailleurs. J'ai commencé à écrire les lignes du projet et quelques mois après d'autres personnes m'ont rejoint. Aujourd’hui le but de FruitCollect est qu'il y ait plus de participation citoyenne en créant une structure professionnelle qui fonctionne comme une plateforme où les personnes qui ont des arbres fruitiers ou les bénévoles puissent s’inscrire d'eux-mêmes.

Quelle est l’évolution du projet depuis ses débuts?

Pendant la première année, on attendait de voir les résultats, on ne savait pas si les gens participeraient au projet. Cette année-là, on a cueilli deux tonnes de fruits sur quinze récoltes, ce qui n'est pas mal. Et pendant la deuxième année on a réfléchi sur notre relation avec les a.s.b.l., ce qui était nécessaire parce que ce qu'on fait est quand même de l'action sociale. Depuis lors, les a.s.b.l. demandent plus de participations et nous avons lancé des rencontres entre les donneurs de fruits et les associations bénéficiaires. C’est intéressant parce que d'un côté les donneurs ne visualisaient pas toujours ce qui se faisait de leurs fruits et de l'autre côté, les a.s.b.l. qui reçoivent ces fruits ne savaient pas d'où ils venaient. Il y avait quelque chose qui se perdait, le caractère tangible de la récolte, ce qu’est un verger, un pommier, etc. À la fin de la saison passée, le matching entre les donneurs et les bénévoles a fait que maintenant les moments de récoltes sont des moments de convivialité qui réunissent des personnes de tous horizons.

Comment organisez-vous les récoltes avec les bénévoles?

En général ce sont les bénévoles qui viennent vers nous directement. Ce sont des personnes issues de tous milieux et de tout âge qui nous contactent parce qu'elles sont intéressées par notre démarche. Elles peuvent remplir un formulaire en ligne pour devenir soit “FruitDonneur” soit “FruitCollecteur”. On les recontacte ensuite pour leur proposer les dates des prochaines récoltes sur notre calendrier et elles peuvent s'inscrire à autant de récoltes qu'elles souhaitent. On compte aujourd’hui 150 personnes inscrites sur notre base des données qui viennent nous aider à faire les récoltes.

Printemps 2018

Où se font les récoltes et quelle est la période la plus active ?

On est actif partout en Belgique dans une septantaine de jardins. Nous travaillons autant en Flandre qu'en Wallonie et nous aimerions atteindre plus de jardins Bruxellois. En général, on commence la période des récoltes à partir de fin juin, mais ça dépend un peu du climat, jusqu'à la période des fruits secs qui va d'octobre à novembre.

À Bruxelles on est en partenariat avec l’a.s.b.l Velt qui a cartographié les lieux publics bruxellois qui contiennent des arbres fruitiers, comme des écoles, des parcs, etc. et cette année on va récolter les fruits dans ces endroits.

Vous proposez des jus des pommes à la vente également.

Oui, comme on récolte beaucoup de pommes, on en transforme une partie principalement en jus. Grâce à notre partenariat avec la ferme de la Chise, qui transforme nos pommes en jus ou en confiture, on a une petite marge pour nous aider à faire tourner notre activité. Ces produits sont commercialisés dans des endroits qu'on choisit parce qu'ils sont en accord avec nos valeurs. Par exemple, au supermarché coopératif et participatif Beescoop, ou chez les différents projets gastronomiques d'Eatmosphere qui utilisent nos produits. Il y a aussi la cantine durable d'Ixelles, Refresh. Nous sommes en contact avec des transformateurs qui sont souvent de petites structures qui se lancent, qui correspondent à nos valeurs, qui proposent des recettes originales ou ancestrales, qui sont intéressées à travailler avec des produits de haute qualité.

 

Avez-vous déjà eu des récoltes inattendues?

On a déjà fait une récolte sur une vigne dans une toute petite propriété à Waterloo. On était parti pour ramasser des groseilles et des mûres et on s'est retrouvé avec une palissade remplie de raisins. On a eu aussi plein de situations insoupçonnées. Par exemple l'année passée, on a fait une récolte sur une énorme haie un peu cachée remplie de pruneaux.

 

Vous avez lancé une campagne de crowdfunding, quel est son objectif?

On cherche à rassembler un montant de 15.000€ qui va nous permettre d'acheter une camionnette. Et si on arrive à récolter plus d’argent, on aimerait qu’elle soit réfrigérée. Le projet grandit petit à petit, au début on distribuait les fruits avec nos propres voitures mais maintenant ce n'est plus possible avec les tonnes qu'on récolte. Donc on fait appel à tous ceux qui veulent nous aider à acheter cette camionnette dont on a vraiment besoin.


 

Aidez FruitCollect à réduire le gaspillage alimentaire en valorisant des ressources locales pour les partager avec des personnes précarisées, participez à leur campagne de crowdfunding!

Illustrations: Lou Koudoyor